(...) Ce mur est mon ami ! Tout me plait là-bas ! Des herbes hautes du bas de la prairie, aux oliviers qui surplombent l'endroit, tout me plait ! Les herbes folles et les petits cailloux, les branches des arbres et leurs racines. Tous sont mes amis ! Ils peuvent se servir de moi et je peux me servir d'eux. Car tous sont mes amis. Cet endroit est à moi ! (Il n'est pas à moi pour que j'en fasse usage. Il est à moi pour que je m'en souvienne !) Mon corps sait que c'est là que je vais mourir. Quel que soit l'endroit où je me trouverai à ce moment fatal, c'est au Lieu de prédilection que mon Esprit m'emportera pour que je danse une dernière fois, devant la mort, avant qu'elle ne m'emporte.
« Que la mort me tape sur l'épaule gauche afin de me pousser au lieu de prédilection. Par de là le Chaos de l'antre du néant...
Que je danse tant que je vis,
Que mes ailes me portent !
Puis, frôlent les vagues en roulis !
Que la houle me soûle !
Sous l'écume qui crépite en coulis de nuage !
Pour que mon cœur d'ermite
Existe !
VA VERS TA MORT
Et saccadé, volette Apollon-Silène, dans l'azur égéen
La femme Nagual aux mille reflets comme
VA VERS TA MORT
Des filaments d'or.
Tous les combats qu'on a gagnés, entremêlés de nos défaites,
sont les postures des mouvements de la danse,
de la dernière résistance du guerrier
qui, de son Esprit impeccable,
récapitule.
Ses gestes racontent ses peines, mais également sa joie...
Incommensurable
lorsque devant l'astre en éveil,
il s'est émerveillé...
Saccades de flux qui ondule...
-Sa dernière occasion de se réjouir !
Alors sa mort lui montrera le sud... L'immensité.
Et sa prairie tremblera quand il regardera le soleil...
Car jamais plus, éveillé ou rêvant, il ne le reverra. »
(Les Sirènes)
Puis j'entends des voix. Celles des femmes ; elles s'installent au milieu de la prairie : Caterina choisit la chaise longue, recouverte de tissu à bandes de couleurs vives ; Talía s'installe dans un fauteuil rond, en osier peint en blanc. Je me pose à côté du genou de Cathy… Elles me prennent pour un papillon ! Les deux jeunes femmes semblent bavarder tranquillement mais je sens de la dissipation chez Caterina. Une part d'angoisse, une autre d'énervement ; en revanche, Talía applique les quatre dispositions du traqueur de façon impeccable, je la sens tout pouvoir...