Ce message laissé par Willy sur mon téléphone mobile me laisse un peu perplexe. Ce n'est pas un si mauvais bougre. Il est même fiable malgré son côté un peu obtus. Il n'a jamais apprécié mes méthodes. Il n'était pas le seul, mais lui particulièrement. Il faut dire qu'il est procédurier.
Je m'en sors bien finalement. Pour un ex-flic reconverti en journaliste d'investigation, c'est pas mal. Au moins, je n'ai plus à subir cette hiérarchie étriquée. Je réécoute le message : « Paul, je sais que cela va te paraître bizarre, mais rappelle-moi dès que tu prendras connaissance de ce message. Je t'appelle pour une affaire peu commune qui devrait te plaire et pour laquelle nous sommes dans le noir complet. Nous avons besoin de ton aide. J'espère à très bientôt. ». Et c'est tout. Ils doivent vraiment être dans la merde pour me recontacter. Pourtant, ils sont bons dans leur genre. Cela fait au moins six mois que je n'ai aucune nouvelle d'eux. Quand ils quittent la police, certains deviennent écrivains ou cinéastes, d'autres vigiles. Moi, je suis devenu journaliste et je m'occupe des crimes, surtout les plus tordus. Je suis pigiste, mais je m'en sors plutôt bien. J'ai déjà ma petite réputation dans le milieu. Dix ans de police judiciaire, pas mal d'affaires tordues résolues à mon actif. Ce sont juste mes méthodes qui ne sont pas jugées orthodoxes à l'heure de l'informatique, de ses fichiers, de la génétique et de la police scientifique. Au moins dans la presse, c'est le résultat qui compte. Ils s'en foutent que je fonctionne à l'instinct, que je sente les choses sans pouvoir les expliquer. Neuf fois sur dix, je tombe juste. C'est l'essentiel, non ?
Extrait du roman policier "La Performance"