Un thriller érotique publié au fil de l'écriture, à raison de deux épisodes par mois.
Extrait :
La colocation se déroulait assez tranquillement depuis le début de l'année scolaire. Marie, Marilyne et Lynn avaient rapidement trouvé les compromis nécessaires à leur cohabitation. En premier lieu, elles partageaient toutes trois une motivation sans faille pour leurs études, qu'elles avaient choisies longues, coûteuses et difficiles, quoique très différentes.
Marie, issue d'une modeste famille d'immigrés italiens, avait choisi le design et les jeux vidéos, dans l'une des écoles les plus prisées et les plus onéreuses d'Europe, où elle avait été reçue sur dossier, en classe préparatoire, après une année perdue à répondre aux attentes angoissées de ses picards de parents, passée à apprendre l'autonomie et la liberté sexuelle au sein d'une confrérie étudiante où elle avait rapidement acquise sa sulfureuse réputation de buveuse de bières, aussi prompte à lever la jambe que le coude. Ses parents n'entendant rien à l'art, avec courage et entêtement, elle se débattait seule pour financer ses frais de scolarité et son loyer parisien.
Endettée jusqu'au cou pour les dix prochaines années de sa vie, elle consacrait la moitié de ses vacances scolaires à accumuler un maximum de pourboires dans une grande brasserie parisiennes, s'épuisant physiquement jusqu'à deux heures du matin certains soirs de service, plateau en argent chargé de glace pilée et de fruits de mer à l'épaule, sourire commercial vissé aux lèvres et jupe noire juste au dessus du genou. Pour ces périodes limitées, elle n'avait aucun mal à trouver un charmant garçon un peu naïf, à proximité de l'établissement chic, de bonne famille le plus souvent, pour l'héberger, venir la chercher les soirs de service tardif, la nourrir, nettoyer son linge, la border et accessoirement lui prodiguer quelques orgasmes hygiéniques brefs et hebdomadaires, mais suffisants à combler ses modestes besoins sexuels. Au fil des jobs, elle avait disséminé un peu partout dans Paris quelques affaires de première nécessité, quelques dessous affriolants, qui lui assuraient toujours un plan B en cas de scène de ménage impromptue, ou même de rupture fracassante quand le pigeon prenait la mouche définitivement.