Un thriller érotique publié au fil de l'écriture, à raison de deux épisodes par mois.
Extrait :
La caméra avait tout tourné. S'ils voulaient se faire un maximum d'argent, ils pourraient en monter le film et le vendre sur internet au plus offrant. Il paraît qu'il existe de riches détraqués en mal de sensations qui achètent ça une fortune sur eBay ou des réseaux parallèles en peer to peer. Ce n'était pas leur objet. Ils avaient besoin de leur produit et n'avaient pas trouvé de substitut qui tienne la route. Ils n'éprouvaient aucun plaisir, d'aucune nature, à tuer et encore moins à conditionner ce cadavre dans une mise en scène destinée à brouiller les pistes pour les enquêteurs. C'était juste un mal nécessaire. Il fallait que les restes disparaissent sans laisser de trace. Si par hasard un morceau devait être découvert, le forfait devrait être attribué à d'autres. Il fallait de toute façon un coupable. Dans l'absolu, le crime parfait est un meurtre sans cadavre. C'était ce qu'elle avait toujours cru en abordant la rédaction de son livre. C'était avant de rencontrer Paul. C'était avant qu'il lui ait fait goûter au produit. D'ailleurs, ils ne l'avaient pas encore nommé. Ils devraient.
Paul avait été inspecteur à la prestigieuse Police Judiciaire, au mythique Quai des Orfèvres. Trop original et marginal par ses méthodes, il avait fini par se faire virer avec les formes. Cette expérience malheureuse lui avait appris le cynisme et le détachement. Il avait abandonné l'empathie, contre productive à notre époque. A force de rédiger des rapports, il avait pris goût à l'écriture précise et déliée. C'est donc assez naturellement qu'il s'était orienté vers la presse, en indépendant autodidacte puisqu'il n'avait jamais fait d'études de journalisme. Il avait trouvé la combinaison idéale pour sa reconversion : résoudre les enquêtes de ses propres meurtres tout en tirant la nique à ses anciens collègues, tout cela en étant rémunéré bien plus qu'avant. Par cet acte qui venait de se jouer, il venait de passer un nouveau palier : éliminer un ancien collègue. Il devenait la pire des espèces criminelles : un tueur de flics. Même si ce meurtre était avant tout opportuniste, Paul savait bien qu'il y avait de la revanche dans cet acte, de la revanche et du défi.