Un thriller érotique publié au fil de l'écriture, à raison de deux épisodes par mois.
Extrait :
A 9h pile, Paul était en bas de l'escalier le menant à ses anciens bureaux, 36 quai des Orfèvres, sous les toits. Histoire de se mettre dans l'ambiance, il avait décidé de le gravir à pied, calmement, en invité, croisant à chaque étage des têtes connues de son ancienne vie professionnelle. Au sixième, c'est un peu essoufflé qu'il se présenta à la Crime, directement au bureau d'Helmut qui l'attendait. Ce dernier fut étonnamment courtois, trop au goût de Paul, s'excusant d'avoir dû lever sa protection, lui tendant la main en lui souriant, alors qu'il avait fait les cent pas cinq minutes avant, allant même jusqu'à lui proposer un café, après lui avoir remis son port d'arme, comme une simple formalité. Paul ne l'avait pas attendu pour s'équiper sur le marché parallèle, il le savait très bien, mais les formes avaient leur importance. Le journaliste posa sa sacoche au sol, contre sa chaise de visiteur, installa son caban sur le dossier, et suivit Helmut à la machine à café du service.
Ce dernier tarda à parler de Ciara, qui subissait un interrogatoire en règle, au même moment, dans le bureau faisant face à la machine. Elle était cuisinée par deux nouveaux fonctionnaires, la femme jouant la méchante, et l'homme débonnaire et usé par sa carrière déjà trop longue, le gentil. Cependant, à la tournure des questions, elle comprit rapidement qu'elle était sur la sellette et qu'elle représentait, pour eux, le suspect idéal, autant pour la disparition de Willy, que pour celle d'Amanda, dont elle hébergeait la fille. Pour cette jeune délurée, Amandine, la comédienne, ou Amanda, la peintre, importait peu. Avant tout, elles étaient très proches, comme des copines ou des soeurs, au point de viser les mêmes conquêtes masculines, de se raconter leurs histoires de cul sans aucune censure et d'en rire autour d'un verre de blanc au café-tabac du coin. A dix-huit ans, elle avait déjà attrapé l'alcoolisme mondain de sa mère.
Sa probable perte ne semblait pas tant affecter Eléonore que cela. Pour elle, c'était un peu comme si Amanda était partie en voyage sans prévenir, une concurrente de moins pour les mecs, la liberté totale, mais, d'un point de vue pratique, en quelques jours, un gros souci logistique et financier. C'est ainsi qu'elle n'avait pas tardé à frapper à la porte de Ciara, qui l'avait recueillie à contre-coeur, cédant devant l'insistance de son fils, de deux ans son cadet, mais précoce. Comme d'habitude, le père d'Eléonore était visiblement aux abonnés absents et Ciara savait pertinemment que les fréquentations douteuses de la jeune femme ne lui apporteraient rien de bon dans une telle épreuve. C'est ainsi qu'elle l'installa dans la chambre de sa fille, très amusée d'apprendre comment rouler un joint, rendre fou un jeune homme, embobiner un plus âgé, ou lui donner du plaisir, avant le coucher.