Nathan se l’était promis : un jour il partirait en Amérique Latine, sur la route, comme ils disent, à la recherche d’une Aventure et d’un sens à sa vie. Lorsque dans une station-service du Nord-Ouest Argentin il rencontre Maria, gamine effrontée qui lui fait des avances, son circuit touristique de routard occidental prend un tour nouveau. Maria entraîne Nathan dans un monde parallèle entre fantasmes et réalités, dans un road-trip initiatique où les stéréotypes se dérobent sans cesse. Ils nous emmènent tous deux dans les replis de la Cordillère des Andes, questionnant nos identités et notre pratique du voyage ainsi que notre éternelle attirance-répulsion pour ce qui nous est étranger.
« Ils roulèrent encore, jusqu’à ce que le village disparaisse totalement du miroir du rétroviseur. Ils se retrouvèrent alors au milieu de l’altiplano, seuls sur ce plateau sans le moindre frémissement de relief ; confrontés à son infinie étendue de terre désespérément plate. Au loin pourtant quelques montagnes se dressaient mais, indistinctes dans le brouillard de chaleur, elles ressemblaient à des miradors menaçants. Nathan était à la fois confronté à l’exaltante sensation de liberté de la piste plane et sans limite, et à l’oppressante sensation d’être prisonnier, cerné par les masses sombres des montagnes, comme un rat dans une cage trop grande. Sur le bord de la route, une végétation sèche et rase nourrissait les quelques animaux visibles ça et là. Quelques vaches maigres et musclées, des ânes gris et leurs petits, parfois un groupe de guanacos à la silhouette gracile et au poil roux un peu luisant. Mais ces derniers se tenaient à distance ou alors détalaient à toute vitesse, s’enfonçant plus loin, loin de la route, hors de portée. »