Bienvenue au Saint-Gabriel Paris, le palace le plus luxueux de la capitale ! Parfait pour un séjour de rêves, idéal pour organiser un mariage hors-normes, donner une conférence de presse hollywoodienne ou pour trouver la mort...
[EXTRAIT]
Prologue
Vous ne le connaissez pas.
Vous n’avez jamais vu son visage. L’auriez-vous croisé, vous ne vous en souviendriez pas. Il n’est pas de ces hommes qui marquent l’esprit de ceux qui le rencontrent. Au contraire.
Son nom ? Peut-être l’avez-vous aperçu dans les pages du Financial Times. Ou celles du Figaro. Et encore.
Non, vous ne le connaissez pas.
Pourtant, vous avez tous dormi chez lui. Enfin, d’après les dernières statistiques, 92 % d’entre vous ont passé la nuit chez lui, au moins une fois dans leur vie.
Qui est-il ? Il est à la tête du deuxième groupe hôtelier au monde et du premier groupe français. Vous dormez, vous forniquez dans ses lits, vous vous faites masser dans ses spas, vous vous extasiez devant les assiettes minimalistes préparées par ses chefs — étoilés, pour la plupart — ou vous tentez vainement de trouver le sommeil dans une chambre à 29 €, aux murs cartonnés et aux toilettes sur le palier. Et lui, il encaisse.
Son prénom ? Cela ne vous aidera pas plus.
Mais puisque vous insistez : Lucas.
Vous voyez, cela ne vous dit rien. Il a toujours pensé que dans ces métiers de service, et en particulier dans l’hôtellerie, qu’elle soit low cost ou de luxe, le rôle de tout employé est d’être invisible. Chacun doit exceller à ce délicat exercice qu’est la “présence-transparence” : vous devez sentir que quelqu’un est là, à proximité, prêt à assouvir vos moindres caprices, là, mais toujours dans l’ombre.
Vous ne le connaissez pas et c’est donc normal.
Baignant dans la mare rouge indélébile dessinée par son propre sang sur le tapis couleur taupe, Lucas observe les volutes organiques que projettent les lampes sur le plafond de son bureau — designed par Georges Yabu himself — et se dit qu’il est grand temps que vous appreniez à le connaître.