Un jour, il me passa dans l’esprit l'idée farfelue de me travestir afin d'égayer une soirée. Au moment où cet autre moi-même s’imaginait endosser la peau de Marilyn Monroe, il comprit que Marilyn était déjà un travesti dans le sens qu'elle surjouait le rôle de la femme.
Finissant des études de psychologie clinique, je cherchais à comprendre davantage sa personnalité. Après avoir lu une grande partie des essais et témoignages qui lui étaient consacrés, je retins les faits les plus plausibles et écrivis ce livre en parlant par sa voix. Tous les événements relatés sont rigoureusement exacts.
Marilyn était une femme partagée en deux. Elle vivait dans la peur d'être rien, ou seulement la Norma Jeane de son enfance. Dans ses moments de détresse, elle s'enduisait le visage d'une glaise maronnasse ou ne se lavait pas pendant des semaines. Elle puait. Personne ne reconnaissait cette Norma puante qu'un accompagnateur du studio emmenait dans un avion. Durant le voyage, maquilleur, coiffeur, masseur et couturier la prenaient en charge. À la sortie de l'avion, elle rayonnait moulée d'un fourreau de satin et des milliers de flashes l'immortalisaient.

Ce roman autobiographique, souvent drôle, est surtout poignant et dramatique. J’ai essayé d’écrire au plus près du style de Marilyn, sans gommer ses maladresses et ses trébuchements, afin que l’on retrouve au mieux sa voix. Elle-même disait: "j'avance en boitant et on croit que je remue les fesses."