Le son caractéristique de l’énorme serrure et sa résonnance dans le caveau excitait l’envie et déclenchait la ruée vers la fraicheur humide, et les deux fonds devenus traditionnels. Tous les vins étaient goutés dans toutes formes disparates de coupes et flutes. Il n’empêche qu’à la septième cave, les verres ballons étaient doubles de ceux de la première, le fond de même niveau en valant quasiment trois.
Et là, arrivaient les rillettes. Tous se prenant pour Ronsard ou Rabelais, les accents du « Grand Gousier » encombraient les « God Save The Queens ». C’est génétique, chez les Anglais, tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, ce qui se traduit par tant qu’on est debout on peut y aller. Les cravates dans les poches les vestes protégeant les crânes ou trainant par terre, les chemises et les gilets largement ouverts, le groupe semblait absorbé par le terroir, et se confondait á s’y méprendre, aux gars du coin lorsqu’ils rentraient crevés d’une journée aux champs. En essayant de comprendre, on entendait bien l’accent Sarthois qui se profilait sur la langue du Londonien.


Au départ de Saint Martin de Vésubie, ma mère n’était pas chaude pour jouer les mouflons.
—Freddy on ne peut pas faire cette route, la voiture va chauffer, et les freins ?
Sage inquiétude qui ne recevait qu’un rassurant écho contradictoire, « Ça passera !» Tout était dit, l’assurance paternelle élevée en déification mettait fin à toute tentative de sape Ça a chauffé et vaporisé, c’est le moins qu’on puisse dire, et nous nous sommes arrêtés dans les virages en plein cagnard pas mal de fois. Dans les descentes, c’est le frein de parking de la caravane qui retenait l’ensemble. À moi la corvée de trouver dans la garrigue surchauffée les pavés de blocage des roues.
Il y avait plein de trucs qui cavalaient entre les pierres et les touffes d’herbes séchées, je tombais sur mon premier scorpion.



Avez-vous jamais participé à un concours « Noir de fumée » ? Non ! je suppose que non, et c’est bien dommage. Vous doutiez vous que la vieille bigotte qui vous foutait la trouille, était dans sa jeunesse une luronne impensable ? Non bien évidemment. Avez-vous jamais entendu un Anglais, blindé, fin plein, essayer de prendre l’accent Sarthois ? Si vous me dites oui, je ne vous crois pas. Ces moments de purs bonheurs sont réels et ont été vécus. Ne sautez pas les pages, vous arriverez bien au bout en un temps qui vous paraîtras trop court. Si vous avez peur d’être frustré de ne pas avoir connu ces instants, alors ne le lisez pas et passez le a votre voisin auquel vous espérez le même déplaisir.