Un meurtre a eu lieu dans une église en pleine messe. Le commissaire KWYJ convalescent va mener l’enquête avec son fidèle compagnon, l’inspecteur BALTASSAR. Ils vont être confrontés à neuf personnages pour lever le voile sur l’énigme de la mort de Zoé d’O. Le curé et les gens d’Eglise, les membres de la famille de la défunte ainsi que son voisinage sont croqués avec pittoresque, ce qui favorise chez le lecteur une certaine empathie, curieux qu’il sera de connaître ce qui adviendra de chacun. Certains personnages constituent leur propre caricature, comme le professeur marxiste-léniniste et son épouse, joviale PDG d’une entreprise de Pompes Funèbres qui forment un couple forcément libéré. Ainsi de l’accorte et lascive boulangère, actrice consentante voire résolue d’une scène torride, pur pastiche de la littérature érotique.
Mais, ce roman est bien plus qu’une simple enquête. C’est une aventure pétrie de références historiques qui amènera aussi à la découverte du trésor des Templiers. Un « flash-back » nous renvoie en plein Moyen-Âge, avec des dialogues que ne renieraient pas les célèbres « Visiteurs » - Godefroy de Montmirail et son acolyte Jacquouille.
C’est enfin un voyage initiatique dans les méandres de la psychologie humaine. Les 7 péchés capitaux auxquels sont adjoints le mensonge et la peur forment l’intitulé des 9 chapitres ; on peut y voir l’énoncé des travers de notre pauvre condition humaine. Il y a dans cet ouvrage, et tissée avec ses autres ingrédients, une introspection de l’âme qui constitue une sorte de miroir tendu au lecteur ; il peut s’y reconnaître, et c’est aussi ce qui l’incite à arpenter ce « Portus Deliciarum » où se côtoient les vertus et les vices, comme les triomphes et les déclins dans le triptyque - Hortus Deliciarum - de Jérôme Bosch qui figure sur la première de couverture.
Le « polar » est bien sûr l’une des portes d’entrée du roman - la première que l’on emprunte ; mais les genres s’entrecroisent et se télescopent allègrement pour notre plus grand plaisir. A chacun maintenant de mener l’enquête avec les moyens dont il dispose et qu’il préfère : aucune approche n’est sans issue, toutes recèlent d’heureuses (de « divines » ?) surprises.
Anne-Marie VALLEIX