Il y a dans tout être humain un pachyderme qui ne se nourrit que de norme. Prenez une dictature bien épaisse entièrement dirigée par des mères, un gouvernement exclusivement dédié à la question familiale. Ces mères édictent un Code Héréditaire qui régit la vie de chaque membre d’une famille. Un mastodonte de devoirs aussi arbitraires qu’ils sont injustes mais que la majorité des gens respectent. Parce que pour le pachyderme, la famille et les règles, valent bien tous les sacrifices. C’est toutefois au cœur de la nordique cité austère de Parisis que des germes d’insurrection vont éclore. Plongés au cœur de l’histoire de la famille Albreh, nous assistons à la progressive rébellion de ses membres qui aboutira au soulèvement des aînés de Parisis, largement financé par la province libre de Lugdunum. Un vent résistant secoue les pages de Phamilia, et en féconde les personnages. Et pour qui sait lire entre les lignes, il s’agit bien d’une province martyrisée mais au final libérée ! La libération du pachyderme des idées reçues.
Avec Phamilia, Les Editions du Gour des dames signent ici ce qu’il convient de nommer : «une contre-utopie heureuse». Renouer avec l’esprit narratif d’un Orwell en ranimant le souvenir éteint d’une Bertie Albreh (Berty Albrecht de son vrai nom, porche de Jean Moulin), militante d’avant guerre et résistante acharnée sous l’occupation. Nul emprunt cependant à la biographie de Bertie ou à son action dans les années 4O, non. Le projet s’est voulu entièrement romanesque : se demander ce que cette résistante, oubliée de l'histoire, aurait pu écrire au XXIème siècle. La réponse est Phamilia.