Dans un futur proche, en Californie du Sud, Jonathan Prat, ex businessman à succès modéré mais certain prend un nouveau cap et devient philanthrope visionnaire. Voulant fonder une communauté à l’image de la famille recréée, dans le cadre du Nouvel Urbanisme et de l’engouement artistique du siècle, il fait réaliser un bâtiment d’habitation en forme de paquebot, le Barco Grande, qui devient la référence architecturale d’un quartier émergeant d’une petite ville satellite de Los Angeles. Il y installe des aspirants propriétaires qu’il a lui-même sélectionnés. Afin de tester leurs aptitudes à être heureux en ville, dans un espace résidentiel partagé et à se reconnaître comme un groupe uni, il organise un concours : celui des résidents qui présentera le meilleur projet artistique illustrant le rapport entre la vie du Barco Grande et une nature morte du dix-septième siècle, Les cinq sens, gagnera son appartement. Bientôt les projets sont prêts et l’excitation est à son comble. C’est le moment que choisit un corbeau pour envoyer un message anonyme à chacun des habitants : il leur fait parvenir un des objets du tableau les associant à l’un des cinq sens ainsi qu’une exhortation à « quitter le navire ». L’angoisse s’installe mais on tient bon, accroché à l’échelle sociale étroite et glissante du rêve américain transformé pour certains en quête du Graal. Alors le corbeau s’impatiente, il met ses menaces à exécution et on commence à mourir à bord ; une victime pour chaque sens ?

Nature Morte est une fable sur le sens de la vie comme un tableau mystérieux, symbolique et moqueur. Elle souligne quelques paradoxes de l’homme et de la société—tellement caricaturaux sur certains points du monde. Dans la société portée par le courant globaliste, nos origines ne cessent de se rappeler à nous pendant que l’obsession du gain et de la réussite sociale le dispute à l’aventure sentimentale et sexuelle.