Valentine Day : Elle est sympa je trouve, votre histoire de nana qui tue les types rien qu’en les touchant…
Condie Raïs : Merci, c’est très gentil.
VD : De rien, c’est sincère. Dites, vous ne trouvez pas que ça manque un tout petit peu de sexe, par contre ?
CR : Peut-être. Mais je ne fais pas dans le porno.
VD : Moi si.
CR : Plaît-il ?
VD : Et bien je voulais juste vous proposer d’ajouter un peu de piment à votre nouvelle, histoire de la rendre un peu plus sexy, vous voyez ?
CR : Très bien, je vois très bien. J’ai quoi à y gagner, moi, dans cette histoire ?
VD : Sauvignon australien. Une caisse.
CR : Des clous.
VD : Trois.
CR : OK, vendu. Mais vous me laissez relire le tout pour corriger les fautes.
VD : Deal !


Extrait :

Une fois, une seule, je me suis montrée très imprudente. Je suis restée traînasser au lit avec le type, que je trouvais séduisant, en fumant quelques cigarettes et en sirotant du champagne qu’il avait commandé au room service.
Il faut dire que ça avait été très très bien, mieux que ça même, j’avais pris un pied d’enfer. Résultat, je ne me suis pas méfiée lorsqu’il s’est tranquillement éclipsé vers la salle de bain, après notre troisième fois en deux petites heures – et intense, avec ça, je ne parle pas de misérables coups tirés à la va-vite. J’étais fourbue, mais sereine et confiante. Limite euphorique.
J’avais tort.
On peut très bien se fracasser le crâne sur une cuvette de chiottes après avoir bêtement glissé sur une petite culotte humide. Vous le saviez, ça ?
J’ai dû ramasser mes fringues à toute vitesse, rincer les coupes à champagne et vider le reste de la bouteille dans l’évier. J’ai quitté l’hôtel en ayant le sentiment que tout ça ne servait à rien, que si quelqu’un voulait prendre la peine de me retrouver, j’avais laissé suffisamment de traces pour que le plus neuneu des enquêteurs puisse me retrouver sans aucune difficulté. Pendant les deux semaines suivantes, je me suis tenue tranquille, vaguement angoissée, mais rien ne s’est produit. Rien du tout.




À propos des auteures :

Condie Raïs est l’auteure des recueils de nouvelles « C2H4O2 (nouvelles grinçantes et petites méchancetés) », « H2SO4 (nouvelles histoires grinçantes et autres vacheries) » et du roman
« L’ombre d’un écrivain ».
Valentine Day est la mercenaire de quelques nouvelles érotiques. Son premier recueil, "Des femmes comme s'il en pleuvait", est disponible au format Kindle sur Amazon.