Enlèvements de souvenirs
--Durant un court séjour en Colombie l’été 2008, j’ai été témoin des pouvoirs et des impacts que les médias ont sur la population. J’ai vu comme un « fait divers » pouvait être facilement manipulé pour le faire devenir une « affaire d’état ».--
Résumons la tragédie, et son contexte, qui nous intéresse : Luis Santiago, un bébé d’onze moins fut enlevé. Du lendemain du kidnapping les médias se sont rassemblés chez sa mère et ont lancé une Alerte enlèvement. La population fut ainsi impliquée dans les recherches des pistes qui menèrent à trouver le petit et à la ravisseuse.
L’efficacité de la mobilisation fut telle que la ravisseuse a été arrêtée et placée en garde de vue. Elle a par la suite dénoncé le vrai auteur du délit, et avoué être son amante, ainsi le père de l’enfant a été inculpé. Ce père qui, le jour même du rapt, avait demandé la libération immédiate. Lui, il ne souhaitait pas la naissance du bébé, car il ne voulait pas devoir le verser une pension alimentaire. C’était pour cela il décida de l’enlever, avec l’aide de son amante, et de l’étrangler un jour après. C’est évidant que grâce à la mobilisation des médias les criminels ont été dévoilés. Ils ont fini derrière les barreaux et la justice a été faite.
Cette tragédie moderne, qui devait être classée dans les fait divers, a été placée au niveau d’affaire d’état. Certes le crime devait être puni. Mais, fallait-il ce déploiement médiatique pour trouver l’enfant et le criminel ? Des intensions sinistres devaient exister derrière l’appel médiatique à la population et sûrement ces intensions devaient être encore plus pernicieuses que celles du père de l’enfant. Vu que dans un pays où plus de 3000 familles sont touchées par le fléau du kidnapping et 81,7 % des crimes ne sont pas liés au conflit politique, la théorie d’une manipulation médiatique est implicite.