CONFIDENCE D’UNE AUTEUR ETONNEE
J’avais pour habitude le matin, de me lever avant tout le monde, pour prendre le temps de bien me réveiller, dans le calme, avant de plonger dans les nombreuses exigences qu’allait imposer la journée… savourer cet instant de douceur avec moi-même, avant d’entendre le doux piaillement de mes fils, désespérément perdus dans des inquiétudes de tee-shirts pas lavés, (sortis d’eux-mêmes du panier à linge où ils les avaient pourtant déposés) et qu’ils retrouvaient perversement cachés sous leurs lits, marqués d’une odeur qui les laissaient pantois. Mais il pouvait également s’agir d’histoire de chaussette orpheline, de livre partit en exploration, de stylo ayant étrangement atterrit dans la salle de bain à la place de leur brosse à dents.
Selon les humeurs matinales de chacun cela se passait plus ou moins bien.
L’idéal était souvent de mettre la faute sous la responsabilité de quelqu’un d’autre que soi, car tout bagage est une charge minime lorsque c’est une autre personne qui le porte à votre place.
Je me posais alors des questions sur l’accès à cette chose que l’on nomme plénitude ou bonheur, sans pour autant se rendre au pied de l’Himalaya, ou dans un DOJO à horaires et jours réguliers, pour les rencontrer.
Bien que je me sois rendue dans les lieux cités, j’avais la folie de croire que cela pouvait être accessible pour tous et tout le temps.
Je restais parfois dehors à siroter un thé, en guettant le lever du soleil - attention le cliché va se gâter : tout en fumant la première cigarette du matin, tant appréciée par la fidèle fumeuse que j’étais à l’époque...
Je cherchais des réponses au bonheur dans une saveur, une étincelle, un caillou, un nuage… partout. C’est facile de le contacter ce bonheur là, dans tout ce qui est extérieur à soi. Pourtant lorsque l’on revient dans son milieu familial ou professionnel, c’est un peu comme si on l’avait laissé à la porte. On s’accroche à des histoires de stylos, de livres, de chaussettes, de tee-shirts et tant d’autres choses encore que l’on souhaiterait voir disparaître de notre quotidien pour que chaque instant devienne enfin l’idée que l’on se fait de la paix.
Puis un jour, sans que je comprenne ce qui c'était passé, ma vie a basculé dans une sorte de cauchemar éveillé. Les histoires de stylos, de livres, de chaussettes et de tee-shirts ne faisaient plus partie de mon équation à plusieurs inconnues. Tout cela fut subitement et successivement remplacé, par des théorèmes plus complexes comme : la mort par pendaison d’un être profondément aimé, la maladie qui cloue du jour au lendemain un parent dans un fauteuil roulant, les tribunaux où vous incarnez le rôle de la mère la plus scandaleuse du siècle, votre enfant qui risque la prison pour avoir accepté une offre d’emploi à la sortie du lycée qui consistait à devenir herboriste par intérim. Puis les systèmes sociaux, le divorce, et la voiture pourrie, dans laquelle vous transportez votre vie, qui tient dans deux cartons et demi.
Peut-on s’autoriser à chercher le bonheur dans ce chaos ? Peut-on décemment afficher un sourire sur ses lèvres, dans ce genre de situations, sans soulever la stupéfaction ? Mais surtout, peut-on ressentir que ce que l’on cherchait depuis si longtemps est en fait exactement ce qui émerge de soi et vous prend par la main pour votre permettre de continuer à avoir envie de poser un pied devant l’autre chaque jour ? Oui, c’est possible.
Alors ces phrases que je vous partage, sont toutes issues de prises de consciences éclairées : soit, alors que je prenais mon thé, dehors au soleil, soit, parce que je me laissais porter par la nature humaine qui me révélait ses plus beaux secrets. Certaines sont aussi issues de celle qui observait la partie de moi-même qui souffrait, mais sans y être attachée.
Chacune de ces phrases partagées, sont nées d’un rire, d’un sourire, d’un instant de satisfaction, d’un questionnement, ou d’une bouteille remplie de larmes de douleur.