La genèse d’inventions entravée par des obstacles est illustrée par de nombreux exemples dont quelques-uns sont rapportés ci-après.
L’auteur, Marcel Kadosch, a été un collaborateur de Jean Bertin, qui a réalisé de nombreuses innovations techniques dont la plus connue est l’Aérotrain, créé en 1965, véhicule léger de 80 places ambitionnant de permettre des liaisons terrestres interurbaines à Très Grande Vitesse à la fréquence du métro : performance qu’aucun système n’a encore réalisé à ce jour. Des embûches administratives ont arrêté sa réalisation.
En 1903, les frères Wright avaient prouvé que l’homme pouvait voler, en créant une sorte de cerf-volant piloté : le Flyer, à Kitty Hawk. Mais ils n’ont pas réussi à le vendre, n’ont pas voulu le montrer avant d’obtenir le brevet, craignant qu’on ne vole leur invention : les américains ne les ont pas crus, jusqu'en 1908 ; et les avions que nous connaissons ont été construits dès1907 autrement, sur le modèle de Blériot.
L’auteur lui-même, après des déboires techniques, a conçu et créé entre 1950 et 1952 un système parvenant à dévier le jet du moteur d’un avion à réaction à l’aide d’un autre jet, sans pièce mobile : le pilote d’essai a démontré en public qu’on pouvait ainsi freiner l’atterrissage de l’avion sans danger, opération qu’on craignait jusqu’alors de réaliser sauf en déployant un parachute. Mais la crainte ayant été dissipée par la démonstration, ce système n’a jamais été utilisé : on inverse la poussée du jet sans danger à l’aide de simples vannes.
Ce livre traite des tentatives de création d’objets artificiels : par définition ceux qui sont conçus par des êtres humains, pour atteindre une fin susceptible d’intéresser des êtres humains, par opposition aux objets naturels créés par la nature ; et des embûches survenant sur le chemin de ces créations, ainsi que de quelques moyens de les éviter.
Un inventeur, isolé ou en groupe, tente de créer un objet technique, conçu pour voler, dans les airs ou au ras des pâquerettes ; ou pour transporter les gens d’un endroit à un autre ; ou bien il tente de créer un objet que les gens désirent simplement posséder, pour faire comme tout le monde ; pour être à la mode.
Un artiste tente d’élaborer une œuvre d’art, pour questionner la vie.
La plupart des embûches sur le chemin de ces tentatives de création d’objets se présentent à leurs contours, incertains au départ, quand l’objet est encore abstrait : la réalisation se heurte à des obstacles, à un manque de moyens, d’aides extérieures, à de l’incompréhension ; les uns disent à l’inventeur qu’il s’égare, d’autres qui croient savoir lui conseillent de s’y prendre autrement : ils ont peut-être raison mais sont incapables d’expliquer pourquoi.
Le récit des embûches est émaillé d’anecdotes évoquant des épisodes vécus par les personnages impliqués dans ces actions. L’auteur s’est efforcé d’apporter à ces questions des réponses techniques : même aux embûches auxquelles se heurte l’artiste musicien, et aux objets dont la finalité est d’être sacrés, dans une société qui respecte des rites et des contraintes : obligations et interdits, tabous et totems, sacrifices à des dieux.
Des témoins inattendus ont joué un rôle comparable à celui du chœur dans le théâtre antique : les philosophes. Les réponses techniques apportées aux philosophèmes exposés forment l’une des originalités du livre. Un passage expliquant la formation de champs de bosses dans les stations de ski par la "transduction" de "Simondon" est accessible en utilisant ces deux mots clefs pour y parvenir (p.94, version papier)).