Ce petit livre explique pourquoi la France n'est pas une démocratie et comment elle pourrait le devenir par l'instauration d'un véritable référendum d'initiative citoyenne (RIC). Il répond aux objections contre le RIC et tire des enseignements de l'expérience suisse. Il plaide pour défendre le RIC en Suisse face aux antidémocrates.
La France n'est pas et ne doit pas être une démocratie s'écriait Sieyès, corédacteur de la première Constitution française. Les gilets jaunes luttent pour instaurer la démocratie en France. Ils rejettent un système où le peuple, dépourvu de tout pouvoir légal entre deux élections, est réduit à occuper la rue pour éventuellement être entendu. Ce système pervers entraine des pertes économiques, la violence et, rappelons-le, des blessés et des morts. Et quel mépris pour le peuple. Dans une démocratie, le peuple (demos) a véritablement le pouvoir (kratos). Il décide directement sur les sujets de son choix.
Les gilets jaunes réclament l'introduction du RIC. Son principe est simple. L'initiative émane de citoyens qui souhaitent soumettre leur proposition en votation populaire ou opposer un veto à une décision des élus. S'ils réunissent le nombre requis de signatures dans les délais impartis, alors la proposition est soumise en votation populaire. La décision du peuple s'impose aux élus. Quand les élus prennent des décisions particulièrement importantes, telles qu'une modification de la Constitution, le référendum a obligatoirement lieu, sans que des signatures doivent être récoltées. Contrairement au RIC, les référendums qu'a connus la France ont été initiés par le président. Le RIC diffère aussi du référendum d'initiative partagée aux conditions si draconiennes qu'il n'a encore jamais été utilisé, et qui de toute façon ne conduirait pas nécessairement à une votation populaire.
Un véritable RIC est-il souhaitable et réalisable? Pour répondre à cette question, nombreux sont ceux qui regardent vers la Suisse. Comment la démocratie directe y fonctionne-t-elle concrètement? Et quelles en sont les conséquences? Les enseignements tirés de ce petit pays peuvent-ils inspirer la France?
Pendant que l'idée de démocratie directe progresse en France, sa réalité est menacée en Suisse. Parmi les élites, de plus en plus nombreux sont ceux qui veulent limiter le pouvoir du peuple et considèrent ses décisions comme de simples impulsions. Une idéologie antidémocratique se propage, fondée essentiellement sur les mêmes arguments qu'en France. Face aux antidémocrates, la même ferveur pousse les Français dans la rue pour réclamer la démocratie directe et, espérons-le, conduira les Suisses à s'organiser pour défendre la leur.
Ce petit livre est divisé en trois parties. La première est consacrée à la France. J'y explique pourquoi elle n'est pas une démocratie et en profite pour préciser ce concept. J'aborde ensuite le RIC, en étudiant les modalités dont dépend son succès. Je détermine la réforme minimale qui permettrait de transformer la France en une démocratie. Finalement, je décris les différents chemins qui pourraient mener la France vers la démocratie. La deuxième partie répond aux arguments contre la démocratie directe. Elle est située entre la partie consacrée à la France et celle dévolue à la Suisse: c'est la même idéologie antidémocratique qu'il s'agit de combattre. Les antidémocrates prétendent que le peuple est trop bête et surtout trop méchant pour décider sur les sujets de son choix. Ils formulent encore d'autres arguments, fondés par exemple sur les prérogatives du Parlement. La troisième partie est consacrée à la Suisse. J'explique d'abord comment la démocratie directe s'y est développée et tente d'en tirer des enseignements pour la France. Je présente ensuite son fonctionnement et finalement les dangers qui la menacent. Je conclus que la démocratie doit être la première de nos priorités. C'est en vain que les citoyens se disputent sur telle ou telle politique spécifique quand ils n'ont pas le pouvoir.