Ce livret fait partie du POLYCARPE et traite de la disparition de la fonction guerrière pilier de la société historique qui nous précédait jusqu'alors.
La chute du mur de Berlin, suivie de celle d'une URSS que l’on croyait millénaire, l’intervention en Irak, en 1991, ont démontré l’ineptie de la conscription : le missile téléguidé, à tête nucléaire ou à charge conventionnelle, ayant achevé de supplanter le fantassin. Qu’on se le dise : l’infanterie n’est plus la reine de toutes les batailles ou, si l’on préfère, la chair à canon n’est plus nécessaire pour faire la guerre et pour la gagner. Fin de la guerre des masses, fin de la fonction guerrière.
Sans fonction guerrière, reste la seule fonction productrice autour de laquelle s'organise la société issue de la Seconde Guerre mondiale quand, jusqu’alors, l'Occident était structuré par trois fonctions, comme l’avait montré Georges Dumézil.
La déstructuration de notre société, ou sa « déconstruction » dénoncée par certains, résulte de cette inéluctable déchéance des fonctions sur lesquelles reposait la société historique.
Le guerrier n'écrirait plus l’Histoire quand la puissance de l'argent suffit à faire tourner le monde. Le phallus, comme disent les psychanalystes, a changé de nature et de lieu : il n'est plus le glaive mais le dollar ; il a déserté la classe politique qui, jusqu'alors, était intimement liée à la fonction guerrière pour rejoindre le monde des affaires et de la finance. Mais la fin de la fonction guerrière éclipse également le modèle patriarcal, l'homme perdant, avec sacrifice consenti de sa vie pour la défense des siens et de son pays, le socle sur lequel reposait la suprématie masculine.