Extrait :
Il avait levé la tête vers moi. Son visage n’exprimait rien en particulier mais son regard brillait d’un feu étrange, à la lumière de la torche. Ses traits étaient anguleux et ses pommettes saillantes. Il y avait je ne sais quoi de fascinant chez cet homme. Un mélange de douceur et de détermination que je ne saurais décrire.
« Lève-toi. On se lève en présence de l’épouse du gouverneur », ai-je dit froidement.
Il s’est exécuté sans protester ni soupirer. Il me dépassait d’une bonne tête, et je ne suis pourtant pas petite. Et il me fixait à présent en souriant, comme si nous étions de vieilles connaissances qui se retrouvaient là par hasard.
Cet homme devait être fou. Je ne voyais pas d’autre explication.
Pourtant, j’étais fascinée. Il excitait ma curiosité. Plus que cela, en fait. La douceur qui émanait de lui me troublait. J’étais à présent partagée entre l’envie de le gifler à la volée et celle de me blottir au creux de ses bras, de l’enlacer et de me perdre dans cette étreinte.
C’est moi qui devait être folle.
Et lorsque l’idée a germé dans mon esprit, pour s’imposer avec une force incroyable, il ne faisait plus aucun doute que tout ce qui pouvait me rester de bon sens avait disparu, comme une poignée de farine emportée par le vent.

Retrouvez cette nouvelle dans le recueil "H2SO4 (nouvelles histoires grinçantes et autres vacheries)".
Condie raïs est également l'auteur d'un recueil de nouvelles, "C2H4O2 (nouvelles grinçantes et petites méchancetés)" et d'un roman, "L'ombre d'un écrivain".