Djihad ou guerre sainte, ces quelques mots suffisent à susciter la peur et l’angoisse. Mais comment ne le feraient-ils pas après les innombrables horreurs perpétrées sous couvert de ce nom, à travers l’histoire et aujourd’hui plus encore ?
En effet, on attribue généralement à la notion de djihad un sens belliciste, traduit par « guerre sainte », à savoir le recours aux armes dans le but d'imposer la foi islamique. On l'assimilait souvent au mot "harb" qui signifie guerre. C’est ainsi que, dans un vaste amalgame, les musulmans pratiquants sont taxés de terrorisme, d’extrémisme et de fondamentalisme. L'islam est devenu synonyme d'épée et chaque escarmouche ou révolte est bénie par la désignation de Djihad Islamique.
Or, cette vue parcellaire ne rend compte que d’une seule facette bien réductrice du djihad. Force est de constater que bon nombre de non-musulmans bien sûr, mais de musulmans eux-mêmes demeurent affreusement ignorants quant aux implications et à la réalité spirituelle du djihad. En sa finalité, le djihad constitue le processus suprême pour parvenir à la paix céleste et humaine. Au prix de pertes, certes, au prix d’une ségrégation de l’humanité sur terre et dans l’au-delà, il pose l’unité de la guerre en vue de la paix, l’unité de l’action guidée par et pour la croyance. Mais cette ségrégation est payée moins par la mort des ennemis que par son propre sacrifice personnel gratuit, simplement, humblement offert à Dieu. Le djihad est par conséquent un tout, n’en retenir qu’une part serait contraire à l’enseignement coranique.
Loin de justifier, encore moins d’excuser les agissements barbares commis au nom du djihad dans son acception fondamentaliste, cette étude tentera de cerner avec plus de précision les contours que recouvre cette notion, pour se focaliser sur les conditions « légales » d’usage de la violence, qui nous intéressent plus directement. C’est donc bien le rapport qu’entretient l’islam avec la guerre ou la violence qui est appréhendé.
Nous verrons avant tout les « domaines d’action » du djihad, en identifiant le champ des notions auxquelles il fait appel (chapitre premier), pour nous concentrer ensuite sur les fondements qui justifient le recours à la guerre (chapitre second). Enfin, cet affrontement est marqué par de grandes lignes stratégiques, qui découlent du comportement des musulmans face à la guerre ou à la mort. Ce sont ces options stratégiques qui seront examinées en final (chapitre troisième).
Ce petit livre est un premier pas dans la marche du dialogue constructif, il nous semble impératif de faire œuvre d’exégèse, interpréter les textes, les remettre en perspective et les confronter à la modernité, il représente une des barrières les plus efficaces au fondamentalisme (Islamophobie et intégrisme), pour qu’il cesse de justifier impunément ses actes violents en invoquant le Coran et le djihad.