Le banc: Théâtre

4ème de couverture :
"Il est de bois. Il est dehors. Il est public. Il est la résidence principale de Michel, SDF de longue date. Il est le lieu d'accueil de Maximilien qui vient de tout perdre. Il est surtout, sous le regard des passants indifférents, le trait d'union entre Maximilien et Michel. Et quand le hasard se veut metteur en scène d'heureuses rencontres, c'est toute l'humanité qui se retrouve sur un banc."

Extrait :
"(...)
Michel :
C'est parce que vous regardez, mais vous y voyez pas ! C'est ça, le problème du monde ; les gens regardent et ils voient pas ! Comme y a ceux qui écoutent et qui n'entendent pas ! Alors quand on cumule les deux, pensez bien qu'avec ça, la Terre perd la boule ! Puis, y a pas que ça ! Au cinéma, on rêve peut-être pendant deux heures et c'est tant mieux, mais moi, je vais vous dire un truc : depuis mon banc, vous voyez juste là entre les deux arbres, quand le soleil se lève le matin et colorie le ciel en rose violet et qu'y a les oiseaux qui me chantent une symphonie, j'ai l'impression que la vie recommence, voyez ? Quand c'est le printemps, y a les crocus qui sortent de terre ; ils nous en ont mis tout du long de l'allée centrale ; on dirait un tableau de Monet ! Vous vous rendez compte un peu ; j'ai pas un sou dans les poches, d'ailleurs c'est pas compliqué, mes poches sont tellement usées qu'y a plus fond, c'est dire si j'ai rien du tout ! Eh ben, le Michel qui est devant vous ; il a un Monet grandeur nature tous les jours et rien que pour lui ! Tiens, c'est marrant ; j'y avais jamais pensé à ça ; z'avez bien fait de vous asseoir sur mon banc ; vous m'ouvrez les yeux encore plus grands ! Faudrait fêter ça tiens, un de ces quatre... Un Monet... Ah, et regardez par-là, vous voyez la vieille dame près de la grille ? Celle avec le chapeau rouge avec des cerises dessus ? Rien que son chapeau, c'est tout un poème ! Vous la voyez ? Elle vient tous les jours. Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente ; elle vient avec son joli chapeau. Toujours à la même heure. Elle s'arrête toujours au même endroit, comme là. Et alors, c'est toute une cérémonie quand elle sort du vieux pain de son sac pour les oiseaux. D'un coup, ils se taisent. On dirait qu'ils savent. Je me suis demandé ça, l'autre jour. Vous croyez qu'ils la reconnaissent ? Moi, je crois. On dirait bien en tout cas. Puis, un à un, ils se regroupent autour d'elle. Tout autour d'elle, certains très près. Puis, y a les peureux, des déçus de l'humain, sans doute ; ceux-là ils se posent sur le banc ou une branche au-dessus de sa tête et de son chapeau. Ils attendent que le dîner soit servi, puis ils iront y goûter quand elle sera partie. Si il reste quelque chose ; c'est le monde des humains qui leur a déteint dessus. Elle reste un petit moment, quelques minutes et elle leur parle en leur jetant un à un ses morceaux de pain rassi. Je pourrais passer des heures à les regarder, si elle restait des heures, bien entendu. « La dame aux oiseaux » qu'on l'appelle. Puis, je pourrais vous dire aussi que la nuit, en été ; je suis allongé peinard sur mon banc, je regarde le ciel et là ; j'ai des centaines d'étoiles qui brillent rien que pour moi... Alors qu'est-ce que vous voulez que j'aille foutre dans un cinéma ? Ben rien ! Tiens, rien ; comme moi dis donc ! Il est pas beau, mon cinéma ?"

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