Tout est parti du jour où, au château de Compiègne, pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Prosper Mérimée, Bernard Pivot mit à l’épreuve un public nombreux avec une dictée truffée de pièges, comme lui seul sait en ourdir. La compétition, ouverte aux internautes francophones du monde entier, enregistra une participation record. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée germât dans l’esprit de François, correcteur dans un grand hebdomadaire parisien : lancer un atelier d’écriture, avec des internautes sélectionnés parmi les meilleurs compétiteurs de l’édition du Bicentenaire (...).
C’est ainsi que, de fil en aiguille, le groupe allait finir par mettre au point l’élément, récurrent, qui devait servir de « liant » : un personnage que l’on retrouve dans chaque fiction, et qui conclut chacune d’elle. Un personnage intermittent, en somme. Et ce qui devait être un simple recueil de nouvelles se transforma, par la vertu d’une énigme insensée et d’une structure narrative inédite, en un roman composé, comme chez Milan Kundera, « de nouvelles emboîtées : une autre façon de dépasser la linéarité ».
Si, aux yeux de Kundera, tout personnage est un « ego expérimental », notre personnage intermittent, lui, entame une expérience désespérée : celle qui le fait courir d’emploi en contre-emploi. Et c’est à cet intermittent de la fiction que François, le maître d’œuvre, offre, ici, l’opportunité de se réaliser, sur un scénario chaque fois renouvelé, avec, cependant, une constante : cette manie extravagante, contractée à l’école des "Femmes savantes", qui lui rend intolérable toute atteinte à la grammaire (en commettant ce qu'il appelle des "accords déviants"), au point de le mener à la dérive…
Ainsi, dans un improbable jeu de rôles, celui que la presse surnommera "Le Fou de Molière" va traverser cette saga, et s’incarner là où on ne l’attend pas, même si le lecteur finit par deviner ce qui l’attend, et pour cause !...
S. G.