Milieu de semaine, mercredi, nous avons entamé le jeu de la découverte, du passage au réel. Me remémorant tes premiers mots, « apprendre, servir, subir », je te mets au défi. Tout a commencé par ton pseudo, « A little more », et ce questionnement : de quoi ? Puis nos échanges sur les fondamentaux, la confiance, la durée, la qualité. La découverte que nous sommes voisins a fait basculer l'intérêt du jeu. Et si les paroles transcrites sur l'écran devenaient réalité? Et si ces trois mots n'étaient pas si anodins que cela et qu'ils nous propulsaient bien au delà du simple fantasme virtuel ?
Apprendre me met dans la position du professeur. Pourquoi pas finalement. Servir m'intrigue et pose la question des limites. Je sais qu'une amie a des soubrettes qui viennent pour l'un lui faire le ménage, pour l'autre de menus travaux de bricolage. A mon sens, tel qu'elle le pratique, il y a perte de sens, réduction, et cela me paraît un peu trop stéréotypé, à la limite du burlesque. J'y vois personnellement bien plus, au sens psychologique, tel qu'emprise, obéissance, présence, qu'importent les actes. La question des limites se pose là encore. Subir. Presque le plus intéressant. Subir quoi ? Des coups ? Pas mon truc. Mon emprise ? Déjà plus intéressant. La dépendance ? Pourquoi pas. Ma bestialité ? Encore plus intéressant. Ces termes choisis m'intriguent sur la personnalité qui se cache derrière les apparences. De cet ensemble se dégage une dominante qui me plait beaucoup : le jeu. J'adore jouer. Seras-tu à la hauteur de tes prétentions dans le réel ?
Je décide donc de définir un protocole qui soit un premier pas vers le réel, dans une progression calculée, intégrant la dimension temporelle. Que lui apprendre ? Mon ascendant, un soupçon de frustration. Me servir en quoi ? Je ne sais pas. Subir ? Là j'ai une idée. Mon regard, mes mots, la frustration du jeu en lui-même si nous nous plaisons. Je décide d'abord d'un premier lieu un peu trop rapidement, mais il présente l'avantage d'être connu de nous deux : la terrasse de la Royale. Vu le temps dont je veux profiter après un hiver qui n'en finissait plus, je me ravise et propose une autre terrasse. Sa disposition me paraît plus appropriée pour deux raisons : elle est bien exposée et surtout la configuration des tables fait que tu ne pourras me regarder une fois que je serai installé. Je nous impose comme si cela allait de soi, de continuer notre communication par écrit via le mail, en utilisant nos iPhones respectifs. Le rendez-vous est donc fixé pour 18h15 directement sur place avec peu de moyens de reconnaissance. Je décide déjà d'arriver en retard de cinq minutes, pour te faire subir l'attente et te laisser les cinq minutes de courtoisie au cas où toi tu serais en retard.