Longtemps perdus de vue les protagonistes d'un drame enfoui dans les mémoires se retrouvent par hasard à Cannes. Pourquoi, seize ans plus tôt, quatre directeurs d'une entreprise textile ont-ils été agressés ou tués ? Au travers du récit de trois narrateurs le passé ressurgit. Ils reconstituent l'intrigue ainsi que l'enquête policière et tentent de comprendre la personnalité du Grand Patron dont les rêves inassouvis étaient menacés par ces brutalités. Entrez dans un univers d'humiliation, de complot et de vengeance.
Le livre a une tonalité de satire sociale à propos des milieux d'affaire. J'aborde également le thème de la solidarité féminine bien malmenée. Les foucades, les maladresses de certaines, les imprévus entraveront-ils la résistance et le succès de leur Pacte ?
Désormais, abordons ce qui me semble l'essentiel. Dans ce roman le point crucial (cf. ma page Auteur d'Amazon) a trait à la très variable facilité avec laquelle les personnages acceptent le rôle social qu'on leur a assigné et d'en revêtir les habits avec plus ou moins de ravissement ou de détestation. Comme le disait Talleyrand : "Il n'est pas inutile de regarder ce que l'on fait comme une pièce de théâtre et de s'imaginer qu'on joue un personnage. Cette pensée empêche d'avoir d'avoir rien trop à cœur et donne ensuite une liberté de langage qu'on n'a point quand on est troublé et plein d'inquiétude". Récemment une étude sur les Français mentionnait le pourcentage de 47 % qui estimaient qu'ils avaient raté leur vie professionnelle ( certes, ce n'est qu'une partie de leur identité ). Je dirais que ce malaise peut provenir du malencontreux décalage qui peut exister entre notre rôle et ce qui nous conviendrait réellement. Pour les "mal à l'aise", n'avoir rien trop à cœur peut tourner au désespoir ou à la dépression et la liberté devient un bien faible atout sinon pour envisager un bouleversement salvateur. N'est-ce pas le cas d'Apollon, le grand patron, qui ambitionne d'accéder au Graal , "le vrai trésor de vivre enfin à son aise" comme le recommandait François Villon. Est-ce le cas des autres patrons ? Comme beaucoup d'entre nous , ils n'essaieront jamais de se connaitre eux-mêmes, vivront avec leur souffrance qui finira par leur paraitre une sorte de tempérament, une fatalité les éloignant définitivement du bonheur. Louis sera une sorte d’imbécile heureux, ne s'examinant pas (ceux qui l'entourent non plus) et il collera à son personnage peu distingué sans nullement en souffrir. D'autres protagonistes comme Clotilde ou Jacqueline, qu'elles en aient conscience ou non, jouent un rôle qui leur sied et manifestent un irrésistible goût pour l'action (qu'elle soit faste ou néfaste) , font preuve d'une grande détermination et vivent avec une sorte de sérénité, malgré les épreuves, oubliant cependant, souvent, toute indulgence. Bien, je suis trop prolixe : lisez le livre pour en suivre les linéaments, en savourer les rebondissements et en vous délectant des ténébreuses conspirations de quatre femmes exaspérées, cherchant à persévérer au mieux dans leur existence.