Le long des couloirs, dans les cellules, la mort rôde. Des décès suspects laissent planer la peur. Suicides... meurtres ? Louise plongera dans une enquête au cours de laquelle sa vie sera mise en danger. En sait-elle trop ? Comment a t-elle trouvé des indices qui lui échappent...Et qui menace les femmes incarcérées.
Dans la prison des femmes de Fresnes, derrière les murs de pierre grise, le passé de Louise ressurgit et la hante. Pourtant, elle aura peu de temps pour puiser dans ses souvenirs la force de lutter contre un ennemi invisible.
La peur dans l'ombre, un thriller impitoyable !
Extrait :
...C’est le matin. Dehors il fait encore sombre. Je n’ose pas allumer la lumière de peur de sortir Djamila du sommeil qui l’éloigne de la prison. Dans les couloirs, tout est silencieux.
J’entends le chant des moineaux qui doivent nicher sous les toits. Leurs yeux voient le soleil levant que me cachent les murs de la cellule. De minutes en minutes, les piaillements sont de plus en plus nombreux. Toute une nichée sous la charpente de la prison des femmes de Fresnes…
Je m’allonge à nouveau à la recherche d’une sensation d’apaisement. Dans le creux du lit, la chaleur est douce.
La sonnette retentit. Stridente comme la veille, mais je n’ai pas sursauté. Sidérée. Me serais-je déjà habituée ?
Au-dessous Djamila s’agite tandis que la prison commence à vibrer de tous ses bruits. J’imagine la surveillante qui ouvre les portes. Une à une. Dans un effroyable claquement que suivent des grincements de verrous.
Puis notre cellule. Les verrous claquent, la clé tourne. Le visage d’une surveillante apparaît dans l’entrebâillement de la porte « tout va bien » et la porte se referme sur notre mutisme.
- T’es réveillée ? murmure Djamila d’une voix qui rompt le silence de notre nuit.
- Oui.
- Tu pourras prendre le déjeuner, s’te plaît. Café pour moi, dit-elle du fond de son lit, sa crinière brune s’évaporant de sous les draps. Le matin, c’est toujours difficile, à cause de mon diabète, tu comprends. J’irais mieux dès que je me serais piquée. Enfin, piquée…je me comprends, à l’insuline. La force de l’habitude que veux-tu.
Le froid traverse mes chaussettes. La veille, je me suis couchée tout habillée… Ma main ouvre le petit placard, dans un geste qui n’est plus nouveau. Je l’ai fait deux fois depuis hier et cette répétition me rassure. Deux bols, le paquet de sucre. Lorsque la porte s’ouvre sur le visage d’une surveillante, une autre, mais combien sont-elles ? Je suis déjà devant la cellule. Je n’ai plus qu’à tendre la main vers Martha qui prend entre ses gros doigts aux ongles courts nos deux bols transparents.
- Tu veux quoi ? Café, lait. Ou café au lait si tu veux ?
Extrait :
...Ma lecture commence. Je plonge dans sa vie.
Je lis lentement. Les jours de prison, son envie de liberté. Tout un passé à la maison d’arrêt d’Avignon parce que c’est là qu’elle « a rencontré des amies pour la vie ». Elle était jeune à l’époque, « vingt ans » marque-t-elle entre une parenthèse en forme de c?ur. Puis bien plus loin, notre rencontre tient une page…Je ne suis pas « une amie pour la vie », elle a des dizaines de plus et son style est plus sobre. Elle parle beaucoup de sa maladie. Espoirs et fatalité se mêlent à son besoin de jeter, pour toujours, les piqûres qui lui rappellent l’enfer de la drogue.
Augusta et Dolorès apparaissent à la page cent cinquante, qu’elle avait pris la peine de numéroter depuis le milieu du cahier, le jour où nous nous étions accrochées dans la cour. Elle se promet de « régler leur compte ». Le rythme de ma lecture ralentit parce que ces deux pestes sont certainement pour quelque chose dans la mort de Djamila.
Je reste le nez collé à cette cent cinquantième page, décidée à trouver un indice. Et je ne saisis pas l’essentiel, qui vient de m’échapper…
C’est bien plus tard qu’un mot titille ma mémoire. Préoccupée par Augusta et Dolorès, je n’avais pas su l’entendre…
Comment avais-je pu le laisser filer ?