En ce début d’année 2011, en France le microcosme culturel et artistique est en ébullition.
À Paris, Javia Taffner, la richissime femme d’affaires autrement connue sous le nom d’Impératrice, vient de finaliser le rachat controversé de l’ancienne Piscine Molitor, abandonnée depuis des lustres. Malgré les oppositions farouches, elle est plus décidée que jamais à y installer son musée, un ambitieux projet conçu autour de la collection d’œuvres d’art patiemment réunie toute sa vie durant par son défunt époux, Ethan Taffner.
Afin de marquer les esprits, elle a demandé au célèbre et extravagant architecte Edouardo Sapinta de lui concevoir un bâtiment hors norme, au moins aussi spectaculaire que son fameux palais, sa résidence privée, bâtie 20 ans plus tôt par le même Sapinta au cœur du Vexin français.
Et pour faire bonne mesure, elle a également confié à une sommité, par ailleurs amie de de longue date, l’historienne et experte reconnue Carole de Monteville le soin de mener à bien l’entreprise.
Mais, malgré ce nouveau succès annoncé après sa prise de pouvoir effective à la tête du groupe Taffner, l’empire de son mari, Javia Taffner n’a pourtant pas le cœur à la fête.
Loin des retards accumulés sur le chantier de la piscine Molitor, de la hargne démesurée de ses détracteurs et des menaces d’attentats réitérés sur sa personne par celles qui, d’anciennes alliées, sont devenues désormais ses pires ennemis, l’objet de sa préoccupation est tout autre, bien plus intime. Il s’agit d’un rendez-vous trop longtemps attendu, immanquable.
À l’équipe réunie par Carole de Monteville, elle a ouvert les portes de son palais pour qu’elle puisse s’y installer dans une aile en cours de réfection, au plus près de la précieuse collection stockée là en attendant la fin des travaux à Paris.
Matéo Boldi, photographe engagé par sa marraine, la baronne de Monteville, pour réaliser l’inventaire de la collection Taffner, ne compte plus les journées passées enfermé dans l’une ou l’autre des salles du palais à photographier chaque œuvre sous toutes ses coutures. Grande opération de communication voulue par Javia Taffner, la présentation médiatique du futur musée doit bientôt se tenir à Troussuvilain. Comme les autres, Boldi compte bien profiter de l’événement pour prendre quelques jours de repos bien mérités.
Mais ce matin là, lorsque Carole de Monteville manque leur réunion de travail, il est loin d’imaginer que ses vacances sont déjà tombées à l’eau.
Obnubilé par la recherche de la vieille dame qu’il suppose avoir été enlevée en raison de ses liens connus avec l’impératrice, il se retrouve acteur involontaire, témoin et suspect dans une terrible affaire de vengeance, entraîné malgré lui là où se cache l’incroyable secret de Javia Taffner : au fond de la bouche du diable.