La Bonne Education : un livret de leçons autour de la domination/soumission, à raison d'une leçon tous les 15 jours.
Extrait :
Cette leçon pourrait faire l'objet d'un ouvrage à part entière. Elle comportera donc, très probablement, un caractère frustrant, avec un goût de trop peu, pour les initiés, d'autant plus qu'il n'y a certainement pas une seule et unique manière d'aborder les cordes et l'entrave.
L'origine de cette pratique est située au Japon, du temps du moyen-âge, en particulier à l'époque troublée d'Edo, dans un cadre de torture et du supplice, au sein d'une société particulièrement hiérarchisée et bardée de codes très précis. De plus, les figures et l'esthétique qui les accompagnent ont traversé les âges dans cette société insulaire et végétale par excellence ou l'art a toujours été omniprésent, y compris dans les gestes du quotidien. Pour ma part, j'ai découvert cette discipline grâce à la photographie, par la dimension graphique du travail de Nobuyoshi Araki. Ce n'est qu'au fil du temps que, petit à petit, je me suis intéressé à l'histoire de cette pratique et à son utilisation d'un point de vue érotique, dans les rapports entre les samouraïs et les geishas, comme un instrument supplémentaire de création et de domination, favorisant le toucher et l'abandon, comme un acte d'attention fort et de confiance mutuelle, chargée d'une dimension symbolique importante. Il est à noter qu'en aucun cas on n'attachait les samouraïs, dont le code d'honneur, le Budo, interdisait toute fuite.
Dans le cadre d'une relation intime, j'y intègre la stimulation des points érogènes connus de la personne, au moyen de noeuds de blocage. Pour les puristes, l'utilisation des noeuds nuit à l'esthétique et est réputée insultante ou dégradante pour le supplicié. Pour ma part, j'estime que nous ne sommes pas de culture japonaise, ni plus au temps d'Edo (1600 après Jésus-Christ). Comme dans d'autres domaines, ce qui me semble essentiel est d'acquérir un minimum de technique et de connaissances, pour alimenter ensuite une recherche personnelle et créative. C'est ainsi que j'ai cherché et que j'utilise d'autres matières que celles employées traditionnellement (le jute au Japon, le chanvre en Occident), ouvrant d'autres possibilités et des sensations différentes. Contrairement à ce que l'on voit le plus souvent, je n'attache que peu d'importance à la suspension à ce jour, car elle était destinée à l'exposition au public du condamné, lors du supplice. De plus, elle présente plus de dangers physiques et demande des équipements spécifiques, tels que des poutres ou des anneaux fixés solidement au plafond, ou même un portique souvent onéreux et inesthétique. Ayant moi-même pratiqué des arts martiaux, je me concentre beaucoup sur le travail au sol, l'ancrage à la terre-mère, et parfois, surtout dans le cadre du rituel de punition, j'utilise du mobilier, tel que table basse, chaise, fauteuil ou lit, en support d'entrave. Enfin, cette pratique est l'occasion rêvée d'une exploration commune sensuelle, hautement intime, en abordant les tabous, une manière d'évaluer et de repousser parfois certaines limites inconscientes.