Harry exerce comme policier dans la petite localité de Fordwood, un endroit où tout le monde se connaît et où il n’y a jamais rien de nouveau. C’est un endroit tranquille où les gens vieillissent lentement. Harry vit tourmenté du fait de l’assassinat de la petite Lisa. C’était son premier et unique cas d’homicide ; il y enquête ce cas depuis plus de vingt ans sans voir des résultats concrets. À mesure que les années passent, l’humidité s’est infiltrée jusqu’à décalcifier, retordre et détériorer ses os. Il est devenu un homme de douleurs.
La jalousie et le dépit se sont répandus rapidement entre la population ; le fait est survenu peut-être tout d’un coup, et, comme une maladie, leur a causé surprise. En réalité et pendant des années et de génération en génération cette population souffrait ces faits qui finirent par éclater. Finalement, l’allumette qui fit exploser la poudre ce furent les discussions sur le bétail, les rixes sur le tracé des limites des propriétés, les commérages et les regards méfiants.
Le petit village entouré de montagnes où tout visiteur pourrait choisir pour y vivre une retraite, s’est transformé tout d’un coup en un endroit infernal où personne n’est de fier. Ma mémoire m’abandonne de plus en plus. Il y a bien d’années que j’ai laissé de côté l’alcool, mais chaque matin je me réveille encore avec la gueule de bois. Il est possible de me laisser tomber endormi sur le sofa en arrivant du travail. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter…
J’ai rendez-vous avec le docteur aujourd’hui ; j’espère que toutes les preuves me soient favorables, car je ne puis pas me permettre ne pas aller travailler ; en plus, à mon âge, il est bien possible que la retraite me soit accordée. Mais je ne peux y penser ; j’ai consacré toute ma vie au travail et je ne saurais faire autre chose. Bien que je sois inspecteur d’homicides, mon travail dans l’intendance n’est pas de grande relevance : généralement, remplir des imprimés, mais surtout recueillir les dénonciations et les plaintes sur les problèmes du territoire, et, de temps à autre, suivre la trace de la mort de quelque animal. Malgré que ma mémoire, avec les années, se soit affaiblie, je me souviens clairement de ce qui arriva l’été de l’année 88 : l’assassinat de la petite Lisa. Le fait créa une grande commotion dans la contrée, et même la télévision nationale en fit mention. Je continue encore de recueillir l’information sur ce cas dans mes moments hors du travail. J’espère attraper un jour le coupable.