Le processus d’inclusion de l’islam dans l’«espace public européen» passe, impérativement, par l’émergence d’un «islam européen». Le contexte de sociétés européennes sécularisées dans lequel se développe l’islam lui permet de faire l’expérience d’évoluer en tant que religion minoritaire dans un espace non-musulman. Ainsi, on assiste en Europe à un «islam en mouvement ayant entrepris de redéfinir ses contours au contact de la sécularisation».
L’Europe peut, de ce fait, être perçue comme une «chance historique» pour l’islam, à la fois, sur le plan de la rénovation de la pensée musulmane dans son contact avec la modernité européenne occidentale et, aussi, sur le plan des rapports entre l’islam et les autres grandes religions, notamment avec le christianisme . En effet, l’Union européenne peut se poser en «médiatrice» à la recherche d’un dialogue inter- religieux authentique et constructif qui dépasse la simple «cohabitation passive» entre les grandes religions présentes sur le territoire européen.
L’Union européenne peut aussi être perçue comme un espace propice pour le dialogue interculturel, ce qui permet de donner une base solide pour rapprocher les citoyens européens du projet de construction européenne et de former une «conscience citoyenne européenne».
Islam Européen: Remédier au modèle français de laïcité
Par ailleurs, l’Union européenne peut être perçue comme une «chance» pour l’«islam européen» notamment pour l’«islam français» dans la mesure où elle tend à faire valoir une conception moins rigide dans les rapports entre l’État et les religions et permet d’ouvrir des perspectives d’expression et d’action dans les sociétés civiles européennes pour les différentes communautés de foi.
En posant la question lancinante des rapports entre l’État, les religions et la société civile, l’Union européenne invite les États membres, notamment la France connue pour un régime de «laïcité intransigeante», à repenser les rapports entre l’État et les religions en termes de tolérance et d’ouverture sur les religions.