Une fin de soirée aux accents inattendus et enivrés par les vapeurs de l'alcool, après une dédicace...
Extrait :
Nous sommes mardi soir, Yves et moi allons à la dédicace de la Musardine. Nous y retrouvons des têtes connues avec qui nous partageons un cocktail comme seul le directeur de la collection sait les concocter. Le thème de ce soir est la rencontre sur internet. Je suis suffisamment belle pour me faire draguer au bar de l'arrière-salle dès mon entrée, suffisamment intelligente pour soutenir les conversations même après deux verres du fameux cocktail, suffisamment désirante de mon homme pour l'embrasser contre un poteau au beau milieu d'une conversation. Nous écrivons tous les deux dans la collection, sans prétention, juste parce que cela nous amuse. Stéphane vient de me féliciter pour ma nouvelle sur le thème « Entre elles ». Cette première soirée de la rentrée est un franc succès et les gens s'attardent, que ce soit dans la librairie ou sur le trottoir. Las de notre journée, Yves et moi décidons de prendre congé prématurément en nous excusant. L'alcool et nos baisers mutins ayant exacerbé notre désir, nous sommes pressés de disposer de nos corps, rien que pour nous, en égoïstes que nous sommes.
Nous descendons la rue du Chemin Vert, guillerets, main dans la main, profitant des feus rouges pour nous embrasser au point d'en laisser passer deux parfois. A une centaine de mètres de la librairie, nous avisons un nouvel établissement, une sorte de bar-hôtel design à l'ambiance tamisée, ouvert sur la rue, à l'angle avec la rue Saint-Maur. L'enseigne minimaliste « Hôtel Bar Restaurant » nous fait penser à la même chose dans la même micro-seconde. Et si nos pas s'arrêtaient là, et si nous y passions la nuit après un dernier verre ? Il n'a pas le temps de formuler sa question, que je lui fais un « oui » franc de la tête, avant de l'embrasser goulûment à la mesure de mon appétit. Tandis que je m'installe au bar, il prend les choses en main à la réception et en revient rapidement avec une clé électronique, qu'il glisse dans mon sac de toile, prétexte d'égarement de ses doigts sur mon ventre.