En reconnaissant Saul de Tarse comme la grande victime de la théologie de la substitution l’auteur proscrit la perception traditionnelle qui dépeignit l’apôtre en prédicateur iconoclaste farouchement opposé au strictement donné au Sinaï. Une lecture de l’épître aux Romains libre des préjugés de « l’enseignement du mépris » oblige à reconnaitre Paul comme le grand perdant de l’Évangile et conduit à l’identifier comme un homme ayant échoué dans la mission qui lui avait été confiée de faciliter la greffe des Nations sur le peuple élu. Instruite à partir d’une lecture singulière de la cardinale doctrine de la justification par la foi, le renversement des postulats relatifs à Paul laisse alors émerger une exégèse qui entend le « Nouveau Testament » comme un Évangile juif, destiné aux Juifs d’abord… Cet Évangile, dont la fortune et l’avenir sont enchâssés dans « l’Ancien Testament », répond en partie à l’analyse de Jules Isaac. L’exégèse proscrit toute antinomie dans l’écriture de Paul et renonce aux errances théologiques qui imposent l’apôtre en apologiste de la fin de la Loi. Cet autre Évangile invite à réexaminer les perspectives du sacerdoce lévitique et à entendre qu’à la bonne nouvelle du pardon en Jésus-Christ s’annexe nécessairement la promesse de l’effacement du jour de Kippour.