De tous temps, à travers mille incarnations et parmi mille civilisations, l’homme a vécu dans l’angoisse. Nanti par l’évolution d’un cerveau de titan, il a développé une intelligence vive qui est tout à la fois son fardeau et sa récompense. Cette vivacité a fait de lui un être inquiet. Comme le disait Allan Kardec, il faut qu’il y ait quelque chose au-delà de la mort, sinon le sort de la brute est de loin préférable. Cette angoisse a fait de l’homme un poète, un scientifique… elle est aussi la cause de bien des suicides. A peine dégagé de la brute, l’homme a regardé la foudre enflammer un arbre. Il a vu le feu chasser les fauves contre lesquels il était impuissant. Les yeux plongés dans l’azur où roulaient les nuages d’orage, l’homme a réalisé, pour la première fois, qu’au-dessus de lui il y avait l’infini. Cette compréhension est à l’origine des premières religions dont les avatars continuent encore à réunir comme à diviser les hommes.Toutefois, les religions n’ont jamais été qu’un pis aller. Leurs doctrines rigides, leurs clergés tout-puissants et dogmatiques n’ont jamais apaisé l’angoisse personnelle de chaque homme. Il lui fallait trouver un chemin de spiritualité qui lui soit propre, une manière de concilier l’immensité des cieux avec sa propre petitesse. La notion d’Âge d’Or est universelle. Sous un nom où un autre, les hommes ont toujours eu foi en un avant idyllique.Chez les Juifs, les chrétiens et les musulmans, cet avant s’appelle le Paradis. Avant, l’homme ne travaillait pas à la sueur de son front, avant le serpent ne rampait pas dans la poussière, il ne mordait pas la femme au talon, elle ne lui écrasait pas la tête. Avant quoi ? La notion de chute fait intégralement partie du mythe de l’Âge d’Or. Un jour quelque chose est arrivé. L’Ancien Testament choisit, par un désir d’auto-flagellation, de faire de l’homme (ou plutôt de la femme) la cause de cette chute. Mais, dans la plupart des légendes, la chute est le fait d’un cataclysme naturel, généralement appelé déluge. Il est aussi imputé à l’homme ou plus exactement à la perte chez l’homme des qualités qui lui permettaient de vivre près des dieux. Ceux-ci décidèrent de punir l’homme en lui privant des dons qu’ils lui avaient fait. Mais avant, pour bien marquer leur colère, les dieux provoquèrent un gigantesque cataclysme. Dans une première partie, nous étudierons le mythe de l'Atlantide, et son évolution dans l'histoire.Nous effleurerons également les autres continents perdus. Dans la deuxième partie, nous nous intéresseront l'enseignement de la Kabbale, tradition ésotérique juive sensée avoir été transmisse depuis qu'Adam et Ève ont été chassés du paradis terrestre. La troisième partie se consacre aux autres traditions antiques, chrétiennes et musulmanes jusqu'à nos jours. Nous terminerons par une annexe consacrée à Socrate et Platon, remettant la rédaction du mythe de l'Atlantide dans son époque et son contexte philosophique.
L'objectif de cet essai n'est pas de porter un jugement sur les religions et les sociétés secrètes qui utilisent le mythe de l'Âge d'Or, encore moins d'ouvrir un débat sur l'ésotérisme. Le seul objet de ce livre est de faire découvrir au lecteur l'histoire de ce mythe essentiel - commun à toute l'humanité- et son extraordinaire résilience qui l'a fait s'adapter à toutes les transformations de la société.