Second volet de la nouvelle "Lâche-toi, l'arrivée", dix ans plus tard, elle lui écrit cette nuit d'anniversaire.
Extrait :
Nous étions arrivés en ce lieu érigé en phare, au beau milieu de cette montagne aride, en fin d'après-midi. Nous avions goûté à la piscine à débordement, au bord d'une gorge sinueuse, que notre Bosphore à l'architecture contemporaine surplombait. Ayant quelques idées polissonnes en tête après les échos de nos propres ébats, nos hôtes s'étaient éclipsés, tandis que nous sirotions tranquillement nos cocktails fruités et fleuris, à l'abri d'un large parasol. Je t'avais concocté un anniversaire inoubliable, à toi mon amant, mon amour, mon plus bel amour. Te souviens-tu ?
Le scénario avait été soigneusement élaboré avec nos hôtes, en secret, à ton insu, durant mon séjour grec, grâce à internet, hormis leur incartade joyeuse dans leur chambre aux fenêtres grandes ouvertes sur la gorge. Nous étions en pleine dégustation de nos cocktails et goûtions avec délice aux échos de leurs ébats, imaginant les nôtres quelques instants plus tôt. Nous échangions des regards entendus, nos doigts et nos lèvres enlacées face à ce panorama lunaire qui s'étendait à nos pieds emmêlés. Nous étions si bien, à l'ombre de ce grand parasol blanc, la fine brise nous ramenant juste ce qu'il fallait de fraîcheur de la piscine au clapotis lancinant et apaisant, ponctuant notre temps. L'écho finit par se tarir. Nos hôtes prirent congé en me précisant discrètement que nous avions la maison à nous, que le diner nous serait servi à 20h30 précises comme convenu, une demi-heure à peine avant le coucher du soleil, en terrasse, face au jacuzzi de la chambre du rez-de-chaussée. Ils nous y avaient laissé quelques surprises qu'ils avaient trouvées à l'endroit indiqué dans mes bagages. Te souviens-tu ?
C'est donc tout naturellement que nous nous sommes dirigés vers la baie vitrée, qui nous ouvrait ses bras juste derrière nous, pour assister à la tombée du soir sur l'horizon bleu azur de la méditerranée. Nous avions bien deux heures devant nous avant que l'on nous serve ce diner aux chandelles. Te souviens-tu ?
C'est alors que j'eus l'idée de détourner la ceinture de mon peignoir. Je voulais que tu ressentes sans pour autant t'attendre à ce qui allait suivre. Je te bandais les yeux, te guidant pas à pas, tout contre mon corps à moitié nu, à la voix et à la main, si je puis dire, serrant ton vit entre mes doigts et m'en servant comme d'un palonnier d'avion. Nous riions aux éclats tout en nous excitant mutuellement. Moi masturbant plus fort pour aller tout droit, tes mains baladeuses courant sur mon corps sous mon peignoir béant. Sur place, une bouteille de champagne nous attendait dans un sceau à glace. Je t'installais face à la vue que tu ne pouvais pas encore admirer. Te souviens-tu ?