On n’a jamais décrit avec plus de force ce que peut être la faim

" Nous nous regardâmes.
Elle avait les yeux bleus, les cheveux blonds et bouclés comme moi.
Je la comprenais mieux en ce moment que je n'avais compris les gens de ma classe ;
Mais pourquoi étant si semblable, était-elle si autre ?
Je l'aurais griffée, je l'aurais piétinée pour cette différence
que je ne pouvais comprendre et qui me semblait hostile."

C'est à partir de cette rencontre avec une petite fille riche dans le tome 1
que notre Héroïne, Keetje, dit non à la différence et déclenche
un douloureux processus pour échapper à cette injustice, sortir de la misère
avec les siens.

L'auteur nous décrit précisément son cheminement psychologique,
les différents milieux sociaux, géographiques. Il est très facile
D'imaginer et de ressentir ses émotions. Ce questionnement qui ne
la quitte jamais sur la différence n'a jamais été aussi moderne et proche.


Pour Neel Doff l’imagination ne consistait pas
en l’invention, mais à s’enfoncer dans les souvenirs
d’une réalité vécue et à reformer cette réalité
en la centrant autour d'un sentiment.

Ses trois romans ne seront qu’autant
de tableaux réalistes de la misère subie par
Toute une famille à la fin du XIXe siècle,
une misère très riche en nuances.

A propos de l'auteur
Neel Doff est née en Hollande en 1858.
Extrêmement pauvre durant son enfance,
elle parvient à en sortir en posant pour
des peintres belges de renom, comme
Félicien Rops ou James Ensor.

Son roman "Jours de famine et de détresse" (tome 1)
fut finaliste au prix Goncourt de 1911.

Le réalisme et la qualité littéraire de ses oeuvres
la firent comparer à Émile Zola et fut proposée
pour le prix Nobel de littérature en 1930.

En 1975, "Keetje Trottin" (tome 3) a été adapté au cinéma
par Paul Verhoeven (Basic Instinct) sous le titre "Keetje Tippel".