En février 2017, il aura suffi du départ très médiatisé d’un prêtre lyonnais aspirant au mariage pour que Michel Bellin, qui fut prêtre dans sa jeunesse, voie se rouvrir d’anciennes blessures. Il s’en est spontanément ouvert au quotidien La Croix, dans la rubrique “Forum et débats” (avant-propos du livre). Mais cela n’a pas suffi. L’ex-prêtre revient donc sur sa crise personnelle puisque les mots ont le pouvoir d’adoucir les maux.
À travers huit variations, l’auteur souhaite débusquer et exhausser des émotions liées aux “départs” de prêtre, affects anciens et toujours actuels tant l’Institution est hélas immuable. Par l’écriture – si possible le style, ce suc qui rend l’instant sublime – l’écrivain entend ainsi dépasser, mais non ressasser, sa propre séquence de crise, la diffracter en huit portraits sacerdotaux qui, vécus pour la plupart ou fantasmés, n’en constituent en réalité qu’un seul : le sien.
On est ainsi au cœur du pacte autobiographique. Car pour Michel Bellin, dont la devise (« Ecrire ma vie, vivre mon écriture ») imprègne une œuvre abondante, trois qualités au moins sauvent et légitiment cette démarche a priori suspecte : le travail stylistique, la portée universelle, le ferment subversif de sorte que le lecteur – devenu alter ego – soit séduit, impliqué, désaliéné. Élargissement et assomption plutôt qu’indécent narcissisme. Tel est le vœu de l’auteur à propos de son puzzle singulier : que chaque lecteur, qu’il soit croyant ou non, prêtre ou non, en déséquilibre existentiel ou non, se sente suffisamment touché et impliqué pour cosigner les émois intimes, les luttes de libération, les soifs d’amour de Julius, Miguel, David… et tant d’autres !