Angmagssalik. Ville eskimo de la côte est du Groenland. Curieux endroit pour une année sabbatique de jeune informaticienne. Mais c'est là que Claire Granier, aujourd'hui Chargée demission formation, se sentait irrésistiblement attirée. Les « Aventures arctiques » d'un compagnon de l'explorateur Rasmussen la fascinaient depuis longtemps. Ni les périples en Grèce, ni le séjour en kibboutz en Israël, la vie dans le désert du Hoggar, n'avaient permis à Claire d'aller au bout de sa recherche individuelle. « Je voulais me retrouver face aux éléments, face à moi-même, » raconte-t-elle.« Livrer comme les eskimos un combat permanent pour survivre. Un combat réel. Pas un combat truqué. »
Angmagssalik et les étendues glacées du Groenland lui ont effectivement offert ce grand combat. Elle a appris à pêcher en creusant un trou dans la glace, à respirer par grand froid sans se déchirer les poumons. Elle a traversé ce Groenland en traîneau à chiens, navigué le long de ses côtes en essuyant une tempête avec des vents de plus de 200 km/h. « L'année passée là-bas vaut dix ans de ma vie,» reconnaît Claire Granier.« Cette expérience a changé à la fois mon existence et ma vision du monde. »
Claire n'a pas choisi la facilité. Elle aurait pu s'intégrer à la communauté danoise. Elle préfère jouer le jeu et partager la vie quotidienne des Eskimos. Elle rencontre l'amour sous les traits de Peter qu'elle épouse. Le Groenland dont elle rêvait se transforme en découverte d'un peuple à la dérive. A côté des images d'Epinal, du charme profond de la chasse au phoque et de l'éblouissement des aurores boréales, s'impose une toute autre réalité : la détresse des Eskimos sombrant dans l'alcoolisme et la violence.
Claire Granier a tenu un an. De ce vécu parfois déchirant, elle a fait un livre « Groenland, Passion Extrême », récit sans concession d'une expérience décapante. Une manière aussi de mettre un peu d'ordre dans ses idées et de prendre la défense du peuple eskimo.