ENGRENAGE MEURTRIER. Roman noir.
Le personnage incarné dans ce livre existe. Il est bien vivant et vous le connaissez. C’est la raison pour laquelle je n’en donne aucune description physique. Seuls, l’aspect moral, le caractère et une certaine tournure d’esprit sont à considérer. J’ai pris dans la foule ce qu’il est convenu d’appeler un honnête homme, avec tout ce qu’il comporte de bon et de mauvais, de courage et de bassesse, de franchise et de fourberie, de douceur et de férocité. J’ai pris cet homme et l’ai précipité dans le plus terrible des destins afin d’observer ses réactions à travers son long monologue argotique.
Je ne me suis préoccupé d’aucune façon de faire une oeuvre littéraire. J’ai écrit comme mon héros parle. Je n’ai donc pas trempé mon stylo dans de l’eau de rose pour faire joli mais dans les eaux d’égout où il a mit les pieds. C’est cru, brutal, souvent insoutenable comme la réalité.
Des hommes, rien ne l’étonne parce qu’il s’attend à tout : les policiers sont des voyous tombés du bon côté de la barrière, les politiques, des escrocs qui mettent le pouvoir au service de leurs ambitions personnelles et non à celui des citoyens qui les ont mis là où ils sont, les journalistes, des vendus qui comptent les points et penchent du côté où le vent tourne.
Les gens qu’il aime, sa femme et sa mère, c’est à la vie à la mort. Alors, qu’on les touche et il n’existe plus d’autre justice que la sienne propre.
A un moment de sa vie l’esprit de vengeance l’envahit et il est difficile de le lui reprocher. Malheureux, nerveux, surmené, sur le qui-vive, traqué, dangereux, le doigt perpétuellement sur la gâchette de son arme Lugo Barnet est une bombe circulant dans la foule….
Pourquoi cette expérience? Parce que je suis persuadé que le roman “noir” peut apporter autre chose que la mise en scène de pantins sans âme. Il faut humaniser les héros d’histoires tragiques, surtout dans leurs gestes inhumains.
Certes, Lugo Barnet est un tueur. Mais il est avant tout un homme pris dans un engrenage. Oui, il est homme avant tout, douloureusement homme !
Ranky