Retrouvez cette nouvelle dans le recueil "C2H4O2 (nouvelles grinçantes et petites méchancetés"
Une nouvelle dans laquelle le narrateur, l'amant officiel et subventionné de la femme d'un riche quinquagénaire, doit répondre à des questions pénibles... Celle-ci, par exemple :
"Doit-on se féliciter de vivre dans une société permissive dans laquelle les adolescents sont informés dès le plus jeune âge des choses de la sexualité, tandis que leurs géniteurs pratiquent allègrement l’échangisme, le mélangisme, et tutti quanti, une société où l’on fréquente fièrement les supermarchés du sexe, poussant paresseusement le caddie au milieu des godemichés, menottes, ustensiles en tous genres, un sourire de satisfaction scotché aux lèvres et une lueur de défi au fond du regard ?
Est-il impérativement interdit d’interdire ? Lorsqu’une jeune fille de quatorze ans propose de ramener son petit ami du moment à la maison, ou de filer chez lui certain soir, devons-nous lui faire une leçon de morale ou lui signaler qu’avec 3/20 de moyenne en maths, elle aurait intérêt à s’enfermer fissa dans sa chambre pour potasser ses leçons ? Serait-ce une erreur grave, qui traumatiserait sans aucun doute l’adolescente, lui infligeant à coup sûr pour le restant de ses jours la coûteuse perspective d’un divan d’analyste ?
Dans ce cas, quel est le bon réflexe ? La féliciter pour avoir demandé la permission ? Lui toucher éventuellement quelques mots sur les risques d’une sexualité sans protection ? Faut-il aller jusqu’à manifester une franche satisfaction à l’écoute des quelques évocations énamourées concernant ledit petit ami, batteur dans un groupe de trash-rock trop génial – mais sortant de prison pour vente de marijuana et adepte du piercing génital, entre parenthèses ?...
Pour ce qui est du cas de Virginie, Paul l’a joué très fine : Marie-Jo n’avait qu’à mettre son amant dans le coup, lequel se coltinerait la délicate explication avec la gamine, vu que ça fait partie de ses attributions, à quatre mille euros par mois, il peut quand même payer un peu de sa personne, c’est bien le moins... "
À propos de l'auteur : Condie Raïs partage son temps entre ses chats siamois, l’écriture et le vin blanc australien. Elle a publié un recueil de nouvelles, "C2H4O2 (nouvelles grinçantes et petites méchancetés) en 2012 et un roman, "L'ombre d'un écrivain", en 2013.