Alice Calezi, la trentaine, séduisante, a presque tout pour être heureuse : un appartement parisien, un métier avec d’importantes responsabilités et surtout Agathe, une adorable fillette de six ans. Seule, elle gère le tout avec un sérieux digne de tous les éloges. Au grand désespoir de sa meilleure amie Delia, un ancien mannequin polonais, une véritable bombe à la personnalité extravagante.
Alice n’a qu’un défaut : elle est terriblement curieuse. Et le jour où, par accident, elle surprend une étrange conversation chez son nouveau voisin Julien, un beau ténébreux, elle ne peut s’empêcher d’essayer d’en apprendre un peu plus. L’homme est aussi dangereux qu’il en a l’air. Et comme Delia se mêle de l’histoire avec l’absence totale de finesse qui la caractérise, tout dérape très vite...
Extrait du livre :
Trois grands pas et je sonne. Un coup d’œil sur ma montre : huit heures et quart, c’est parfait. La porte s’ouvre. Voilà Julien. Mmmm… Effectivement, pour celles qui ont le cœur tourné vers la Méditerranée, il est à croquer, brun, si brun, une barbe taillée week-end. J’adore ses yeux, si noirs, il a l’air dangereux…. La taille un peu courte, sans doute, mais si je devais m’arrêter à ce genre de considérations il y a longtemps que je serais en train de moisir au couvent…
Le silence se prolonge, nous nous sourions, ses yeux lasers ont fini de me déshabiller pour la deuxième fois et il a maintenant la bouche entrouverte. Il cherche de l’air, le coquin ! C’est souvent l’effet que je provoque, la première fois. Crise d’anaérobie légère dans le meilleur des cas, crise d’apoplexie plus rarement, mais ça c’est le plus souvent chez les vieux barbons, c’est pour ça que je fais toujours très attention à ce que je mets quand j’ai rendez-vous vous avec un senior, comme on dit, je déteste provoquer des accidents. Les morts sur la conscience, ça pèse.
- Bonsoir ! Je vous dérange, j’imagine…
Je me déhanche un peu ; il déglutit.
- Pas du tout ! Pas du tout ! Que puis-je pour…
Son regard tombe sur le pot d’herbes que je tiens dans la main droite et une lueur d’intelligence passe dans ses yeux. Ça lui va bien. Je n’exige pas systématiquement une lueur d’intelligence chez les hommes, une fois dans le noir ça a une utilité limitée, mais sur le principe c’est plutôt un plus. Je lui tends le flacon.
- Alice m’a chargé de vous remercier. Grâce à vous, les coquillettes étaient délicieuses…
Juste après, je lui décoche mon regard de biche saisie par le chasseur à la sortie d’un fourré ; certain l’appellerait aussi : un regard de blonde, mais pas moi, car il se trouve que je suis très blonde, et très susceptible.
- Oh ! J’oubliais : auriez-vous de la farine ? Je sais que ma copine abuse, mais elle voulait nous cuisiner une tarte aux pommes, et cette écervelée a encore oublié d’en acheter !
Flap, flap, mes longs cils blonds battent lentement, le regard humide arrimé fermement aux yeux du mâle, qui déglutit à nouveau. Ne jamais lâcher sa proie. Mais c’est fait, la biche du nord a ferré le sanglier méditerranéen. Il est temps de passer à la deuxième phase. Je m’approche de lui, un pas et demi, et je glisse ma longue main aux doigts si fins et délicats contre la chaleur de sa paume. Par réflexe, il serre un peu. Parfait : chaude, sèche et ferme, sa poigne est celle d’un chasseur de prime du Far West. Houla… faut que je baisse le régime du moteur, je suis en train de m’emballer, ce n’est pas le moment, je dois garder toute ma lucidité.
- Delia
- Pardon ? (Il secoue la tête)
- Je m’appelle Delia. Deli pour les amis. Ou Délicieuse, mais là c’est pour les intimes… (Gloups, fait-il) Vous, c’est Julien, Alice m’a briefé.
- Parfait. Ravi. Vraiment. C’est un plaisir ! (Que les hommes peuvent avoir l’air niais dans ces moments-là !) Entrez, je vais chercher la farine (Soudain, une nouvelle lueur d’intelligence) Et peut-être puis-je en profiter pour vous offrir un verre, après tout, c’est l’heure !
- Quelle idée merveilleuse, avec plaisir !