"Etudiante en dernière année d'architecture, dans le cadre d'un programme d'échange avec la Suisse, j'ai eu la chance d'intégrer la Cité Universitaire Internationale de Paris. Le pavillon de la Fondation Suisse est un des chefs d'oeuvres de Le Corbusier. Nous étions une quarantaine de privilégiés méritants à avoir l'honneur d'y habiter, une majorité de filles. A croire qu'en Suisse les étudiants méritants sont des filles. Je venais tout juste d'emménager avec mes cartons et ma table à dessin.

La chambre était simple et claire, très fonctionnelle. Mes cartons étaient empilés en colonnes bien alignées du côté de l'immense fenêtre. Le Corbusier, ce sont les années trente, les années sobres et fonctionnelles, les années aux lignes pures et la découverte du béton sous toutes ses formes. L'entrée était judicieusement marquée par une palissade en bois verni de deux mètres de hauteur, séparant le lavabo et la cabine de douche de l'espace de vie. Un porte-manteaux, quelques étagères, un placard camouflé. C'était nu, sans fioritures, cela me correspondait bien. Déjà à l'époque, j'aimais vivre nue, je me sentais libre, je me sentais belle. L'exposition était idéale, la vue sur le parc arboré très belle et apaisante en ce mois de mai."

L'amour d'une vie