Rêveries et poésies amoureuses:
"Sais-tu ce qu'est l'amour ô déesse de mes jours?
Ce qui donne la vie et ce qui vainc la mort.
Qu'importe qui tu fus, puisqu'hier est mort
Et que bien heureusement demain n'est pas encore.
Sois avec moi le lion, le chat, ou la muse immortelle
Une déesse comparable aux lueurs du soleil
Que passe mon œil aux vents de ta longue chevelure
Ton image m'aveugle, ton idée me rassure.
Je suis de tes semblables: à quel jeu vais-je jouer?
Je serai celui que tu veux que je sois.
Mais à quel jeu jouer quand tu te cherches en toi?
Vois en moi qui tu es car je chante pour toi.
Fussé-je caméléon, mes yeux ne changeraient pas
Fussé-je phœnix je renaîtrais pour toi
Fussé-je chanteur enfin seule musique serait ta voix.
Alors prends ma main, puisqu'enfin tu m'aimes
Ensemble nous irons où le désir nous mène
Ensemble nous rirons des choses dites humaines
Et nous réjouirons des souffrances et des peines
Dont notre amour sincère nous épargna la peine.
D'un bonheur sans pareil nous jouirons alors
Main dans la main et corps contre corps!
Prends mes yeux, prends ma bouche
Et prends mon âme même
Berce-là sans repos pour une vie éternelle
Embrasse-là tendrement et, très délicatement,
Porte-là à ton cœur tout en lui chuchotant
Ce que tu sais sur elle, comme tu la trouves belle
Comme tu crois être toi quand tu es auprès d'elle
Combien tu l'aimes aussi de t'aimer comme elle t'aime...
Et elle te répondra:
Comme j'aimerais des vers aussi doux que ta voix
Des mots tressés comme mes cheveux par tes doigts
Des mots aussi brillants que l'éclat de ton rire
Et aussi pénétrants qu'une main sur ton cœur dire:
"Je t'aime" et que tu le comprennes.
Mais de tels vers, dieu sait qu'il n'en existe pas,
Ils se cueillent dans l'instant et meurent à la fois
Comme meurt avec le jour le souvenir de toi!
Et tout s'éteint alors, "qui suis-je?", me demandai-je un temps
Le silence répond: "Poussière aveugle, néant,
Poète sans avenir, peintre sans couleur
Chanteur sans cœur, amant de ce qui va mourir.
Rien qui ne vaille la peine de sortir de sous terre !
Et regardez ces mains qui ne savent rien faire,
Pour retourner la terre il faut d'autres atouts
Que le cœur sur la main ou les jambes à son cou!"
Il n'y a que dans tes bras, ô amour, ô soleil
Près du feu chaleureux que tu ne prêtes qu'à moi
Celui qui fait brûler ton cœur par ma voix
Que je trouve la paix et une joie toute belle.
Ne doute plus enfin et savoure pleinement
Le fruit que notre amour fit laborieusement
Et dans le plus paisible des enchantements.
Profite de l'instant, aime passionnément,
Le temps manque toujours aux amours de vingt ans".