Il y a trois semaines, cette idée m'est venue, puis s'est imposée : revenir rapidement, bien avant mars, pour fêter notre Saint-Valentin à nous. Cette idée m'a paru folle : je n'ai jamais fêté la Saint-Valentin avec ma compagne du moment. Je trouve cette fête commerciale, presque insultante : allons au restaurant une fois par an, avec des chandelles, comme tous les autres. Et pourtant, je veux marquer le coup. C'était avant notre mardi, avant notre réveil du mercredi, avant la vingt et une. De retour à Paris, il n'y avait plus aucun doute, plus aucun questionnement sur ma motivation. C'était une évidence. Je voulais ardemment notre Saint-Valentin à nous, rien qu'à nous, même si ce n'était que pour vingt quatre heures, sans autre motivation que ce nous qui enfle.
Pour la première fois, je prenais EasyJet et la navette au lieu du taxi. Je ne veux pas te gêner. Les treize jours d'attente nous ont parus infinis. Tu as pensé à ta tenue durant toute une semaine. Le samedi, tu m'as envoyé un texte splendide. Et puis, le dimanche, plus de nouvelle, plus de texto, plus la moindre communication. Je savais qu'il y avait de la tension familiale. J'étais inquiet. Le lundi soir, tu m'apprenais que ton téléphone t'avait été confisqué. Nous avions convenu de passer par ton amie Amandine. Tout était réglé, tu avais tout prévu. Le diner en amoureux était maintenu. J'étais dans un état de rare fébrilité.
A 6h10 du matin, malgré quatre heures de sommeil tout au plus, je me suis levé d'un bond dès la première sonnerie du réveil, mon sac et tous ses possibles fin prêt depuis la veille au soir. A 6h45, le taxi m'enlevait jusqu'à Orly. Plus je me rapprochais, plus mon coeur battait la chamade, avec cette frustration de ne pas pouvoir te relater mon avancée progressive vers toi. Dans l'avion, je dormais un peu et continuais à écrire les Chambres 25 et 21. Arrivé à Orly en avance, je décidais de prendre la navette qui m'emmena à Denfert. De là, je flânais au soleil, déambulant dans les ruelles jusqu'au centre de la capitale.