CRS - Extrait gratuit: de Charonne à Charlie Hebdo

Les CRS (Compagnies républicaines de sécurité) sont des policiers à part. Ils dérangent autant qu’ils arrangent. Ils existent pour « servir » ; c’est d’ailleurs leur devise. Cinquante ans après Mai 68, ils demeurent, avec leur casque et leur bouclier, les adeptes de la matraque, de la grenade, du pistolet, voire du fusil mitrailleur, – et plus près de nous, du Flash-Ball et du Taser. Ils sont un objet du pouvoir, les auteurs présumés de tous les dénis de démocratie, de la violence, des bavures, des blessés et des morts. De « parfaits salauds » ? S’ils ne sont pas des saints, la vérité est ailleurs : dans un entre-deux, car c’est un métier difficile, qui nécessite une solide formation, du courage et du sang-froid.
Qui sait d’ailleurs que les CRS (aujourd’hui 14 000 femmes et hommes) furent créées en 1944 par le Gouvernement provisoire, avec d’anciens résistants, en majorité gaullistes et communistes, pour restaurer l’ordre dans notre pays ? Ils se substituent alors aux GMR (Groupes mobiles de réserve), vichystes et compromis dans la répression des réseaux de la Résistance. Mais, en 1947, de nombreuses grèves ont lieu en France, assorties de manifestations que certaines compagnies refusent de réprimer. S’ensuit une épuration des communistes dans leurs rangs.
Leur histoire, depuis, se confond avec les grandes heures politiques du pays, mais leur emblème et leur fardeau, c’est uniquement la manif, l’émeute et l’insurrection : de Marseille en 1947 aux montres Lip, en passant par le métro Charonne en 1962, les houillères du Nord, la sidérurgie, les viticulteurs, les marins-pêcheurs et plus près de nous, en 2006, le CPE (Contrat première embauche), la loi Travail du 8 août 2016, et jusqu’à « Nuit debout ». Avec l’instauration de l’état d’urgence, viennent les horaires à rallonge, l’alternance entre travail de jour et de nuit, le déracinement. La contestation, voire la colère, qui gronde. Des grèves de CRS éclatent. Les congés maladie sont plus fréquents, voire les burn-out.
Au fil d’entrées éclectiques (« origines », « flambeau », « mission », « manifs », « matraque », « cocktail Molotov », « femmes CRS », « chansons », « cinéma », etc.), Christophe Marchand-Kiss, repéré grâce à son essai Gainsbourg, le génie sinon rien (Textuel, 2015), tisse chemin faisant une savoureuse histoire culturelle, politique et sociale de la France.

Télécharger gratuitement depuis amazon.fr

Nous avons vérifié que ce livre était gratuit le 25 fév. 2021 - 04:27 Détails de l'offre