Le 2 juin 2004, Gabrielle Thil décide de se lancer sur le chemin de Compostelle.
Alors en pleine quête de sens, elle espère, au cours de ce pèlerinage, raviver une flamme intérieure vacillante.
Ces deux mois « hors du temps » vont bouleverser non seulement sa façon de percevoir le monde mais aussi sa vie puisqu’elle y fera une rencontre amoureuse essentielle et partira ensuite s’installer à Madrid.
Amoureuse en chemin, récit de cette parenthèse enchantée, est une ode à la joie, à la confiance et à l’amour avec lesquels l’auteur renoue au fil de ce chemin.
Prologue
Partir marcher sur le chemin de Compostelle : j’ai cette pensée en tête depuis la lecture du livre d'une ancienne pèlerine, idée un peu folle peut-être mais irrésistible. Rien ne me retient, à part la peur, l’envie est là, puissante, m’entraîne.
Je suis dans l’urgence, je veux m’en aller, vite. Ai-je peur de me dédire si jamais je partais plus tard ?
Je décide de taire mon départ, ne veux pas le confronter au regard des autres, à leurs interrogations, leurs doutes… espère ainsi protéger mon joli rêve.
J’ai foi en la force de ce pèlerinage mais suis loin d’imaginer, en cet instant, à quel point il bouleversera ma vie.
Je me procure, en hâte, sac à dos, polaire, pantalon et chaussures de randonnée, fébrile à l’idée de quitter Paris.
Puis, hantée par cette phrase " Pour que du neuf puisse entrer dans vos vies, il faut vous détacher de l’ancien ", je décide de mettre mon appartement en vente, dans une agence immobilière.
Je suis triste à l’idée de me séparer de mon doux cocon – j’aime sa gaité, sa luminosité, ses portes de travers, ses plafonds ondulés – mais je sens qu’il est temps de me détacher, de changer de lieu, d’énergie, d’avancer.
Vers quoi ?
Je ne le sais pas encore, mais ne supporte plus l’immobilité.
Je suis nerveuse, une fois à la gare de Lyon, à deux doigts de défaillir. Mon inconscient me jouerait-il des tours ?
L’arrêt du train sur les voies, en raison d’une avarie, achève de me troubler « Ne serait-ce pas un mauvais présage ? »
Au moindre grain de sable, mon esprit s’emballe, c’est habituel. Je me suis longtemps laissée anéantir par mes peurs, tourmentée, en ébullition. Temps gâché, ai-je fini par comprendre - un peu tard, peut-être.
Le voyage est long, près de sept heures. J’ai ainsi le temps d’apprivoiser ma nouvelle vie, consciente de ne plus avoir aucune emprise sur les évènements - en a-t-on jamais ? - contrainte de composer avec l’imprévu, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil.
Cette lancée dans l’inconnu me séduit et m’affole, à la fois. Je pressens que mon corps et mon cœur chavireront à maintes reprises sur ce chemin et le redoute.
« Et si je n’atteignais pas Compostelle ? » Flancher au cours de cette parenthèse enchantée, signifierait la fin d’un joli rêve – la fin des possibles.