Même si c'est moi qui vous raconte cette histoire, cela ne veut pas forcément dire que je suis toujours vivante à la fin. Ceci est peut-être un passage de mon journal. Ou encore quelques notes laissées derrière moi que le destin vous fait parvenir. Mon récit est de ceux où les choses ne se passent pas comme prévu. Je m'appelle Kaly, j'ai 27 ans. Et je crois que je suis morte...
La pluie frappait le pare-brise d'une telle intensité que les essuie-glaces se révélaient complètement inutiles. Un air de piano envahissait l'habitacle de la voiture. La mélancolie de la mélodie amplifiait ma peine déjà immense. Une fois de plus, Anthony et moi venions de nous disputer. Au bout de sept années, notre couple ne tenait plus qu'à un fil. Mais malgré nos fréquentes altercations et les blessures qu'elles laissaient derrière elles, je continuais d'espérer que l'amour revienne.
Malheureusement l'espoir n'était plus suffisant. Cette fois, les mots furent bien trop violents, les gestes bien trop lourds. Blessée au plus profond de mon âme, la douleur était bien trop forte pour que je reste à ses côtés. Les traces de ses doigts encore sur mon cou, je partais en claquant la porte, lui jurant de ne jamais revenir. C'était la première fois qu'il osait poser la main sur moi. Ma tête me disait de rester près de lui, mais mon cœur n'en pouvait plus.
Un violent orage grondait. Je roulais sous la pluie qui frappait la carrosserie avec frénésie. L'obscurité mêlée au mauvais temps n'arrangeait en rien mon manque de visibilité. Je mis la climatisation en route, atténuant ainsi la buée sur les vitres. Tout en conduisant je m'emparais de mon téléphone. Je venais de recevoir un SMS. Oubliant le temps d'un instant de me concentrer sur ma conduite, je lus le message :
« Kaly, je suis désolé. Reviens s'il te plaît. »
Comme toujours, Anthony finissait par s'excuser. Mais je n'avais plus la force de lui pardonner son manque d'amour. Je ne pouvais continuer de l'aimer, il ne m'appartenait plus depuis bien longtemps. Les coups de cette sombre nuit brisaient mes derniers espoirs. Les larmes recommencèrent à couler, troublant ma vision de nouveau. Je m'apprêtais à lui répondre, quand je vis le feu rouge. Il était déjà trop tard, je conduisais bien trop vite pour éviter le camion.
Je pensais immédiatement à braquer le volant, mais pendant une seconde, l'issue finale me sembla plus adaptée à la situation. « Et si je mourais ? » Pensais-je, pendant qu'un monstre de métal fonçait en ma direction. Les phares m'aveuglèrent. C'est alors qu'une violente douleur à la tête vint me sortir de mes pensées funestes. Je heurtais de plein fouet la vitre de la portière, tandis que les tonneaux n'en finissaient plus, meurtrissant mon corps sous les violents impacts.
Sous le bruit de la tôle froissée et des vitres qui se pulvérisaient, je pouvais encore entendre le tonnerre. Un éclair zébra le ciel à l'instant ou le supplice prit fin. Les éclats de verre déchiraient ma peau. Le piano s'était tu, laissant place au bruit de la pluie qui brisait un silence angoissant. Je ne sentais aucune douleur. J'essayais de lutter tant bien que mal, mais je finis par me laisser emporter vers le néant, avec pour dernière vision, mon téléphone plongé dans une mare de sang.
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